jeudi 8 septembre 2011

Érotisme et alchimie dans l'oeuvre de Carl Gustav Jung

D'après Jung, la théorie sexuelle freudienne qui réduit toutes les activités humaines à la quête inlassable et mécanique de l'orgasme est «un préjugé insoutenable», parce qu'il est impossible que la totalité des phénomènes psychiques découle d'un seul instinct. Ceci interdit toute définition unilatérale de la libido, qui semble être au contraire, dans le sens le plus large du terme, à la source même du processus de la conscience.
   L’étymologie du mot "conscience"(du latin "conscientia", composé du préfixe "con" "avec", et "scientia", "science", nous apprend que "consciousness" et "conscience" sont en relation, et que l’expérience du conscient est faite de deux facteurs, la “connaissance” et le “lien”, c’est-à-dire connaître en présence d’un “autre”, dans un cadre duel. Symboliquement, le chiffre deux correspond aux opposés.
Nous en arrivons ainsi à la conclusion que le conscient est né d’une manière ou d’une autre de l’expérience des opposés, et que l'érotisme est une stimulation qui vise non seulement à la rencontre de deux personnes distincts, mais aussi à une meilleur connaissance de soi-même qui s'effectue grâce et par la relation amoureuse ».(C. G. Jung, Ma Vie, p. 384-385.)

L'érotisme est partout
Pour Jung, ce n'est pas la sexualité qui est le moteur du psychisme, mais une énergie vitale indifférenciée qui s'exprime autant dans la poursuite du plaisir sexuel qu'à travers des activités pour lesquelles chacun se passionne. Cet appétit de vivre est constitué d'une partie physiologique (énergie corporelle) et d'une autre partie psychique. C'est pourquoi il est fréquent d'observer des émotions d'ordre sexuelle entre une élève et son professeur, face à une oeuvre d'art, ou encorde en écoutant de la musique, car l'érotisation des activités humaines a lieu dans tous les domaines.
 La clef de la vitalité 
La libido est a la source même de la pulsion de vie, c'est la clef du plaisir que l'on trouve aussi bien en mangeant qu'en dormant. Des yeux qui pétillent de joie, un large sourire gourmand, une excitation face à une surprise sont autant de manifestations de cette énergie, qui constitue le meilleur antidépresseur que l'on connaisse.

Le mystère de la conjonction
 Suite à ses nombreuses études sur les rêves, Jung se passionna pour les étroites correspondances entre la symbolique alchimique et l'imagerie onirique de ses patients. Ces analogies le poussèrent à étudier très profondément les traités des précurseurs de la science moderne. Outre les multiples allusions et références que l’on trouve à ce sujet tout au long de son œuvre si prolifique, il leur consacra trois ouvrages : Psychologie et Alchimie, aux éditions Buchet-Chastel, 1970, et les deux volumes de Mysterium Conjunctionis, aux éditions Albin Michel, 1980.

Sexualité dans l’alchimie
 Le psychiatre suisse démontra que la structure alchimique, visant à l'unification des opposés, se retrouvait dans bien des systèmes religieux, et en particulier dans le tantra et dans le taoïsme, comme l'avait déjà montré le Mircea Eliade, philosophe et historien roumain.
L'alchimie tente de conjuguer les éléments deux par deux, en reprenant les grands symboles masculins et féminins qui se complémentent et s’unissent pour former une totalité, celle de la pierre philosophale.


Par exemple, si le soufre est fixe, cela veut dire qu'il est composé d’éléments stables, tels que l’eau et la terre, qui représentent la femme. Si le mercure est instable, c’est qu’il s’évapore et qu’il se consume, comme l’air et feu. En les rassemblant, nous obtenons les combinaisons des qualités typiques de l’union sexuelle entre l’homme et la femme :
Air = froid+sec, feu=chaud+sec, eau=froid+humide, terre=chaud+humide.


Psychologie et Alchimie


  "Selon la conception des philosophes alchimistes, l'aqua nostra est ignis (feu). La source représente non seulement le cours de la vie, mais aussi sa chaleur, son ardeur, le secret de la passion dont les synonymes ont toujours un rapport au feu."
Psychologie et Alchimie, p.158-159,Carle Gustav Jung, éditions Buchet-Chastel, 1970.

Extrait du Rosarium : "Fais de l'homme et de la femme un cercle rond, et extrais-en un carré, et du carré un triangle. Fais un cercle rond et tu auras la pierre philosophale."
  (Citation du Theatrum chemicum, attribuée au Pseudo-Aristote, et dont la source n'est pas connue).

"Le rite est une tentative de supprimer la séparation entre la conscience et l'inconscient, la véritable source de vie, et d'amener une réunification de l'individu avec la terre maternelle de sa disposition instinctive héritée." 
Psychologie et Alchimie, p.176, Carle Gustav Jung, éditions Buchet-Chastel, 1970.

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