vendredi 14 octobre 2011

Militer pour la justice sociale et soutenir l'occupation de Wall Street, pétition d'Avaaz.org

Lettre reçue par la Rédaction
Chers amis,


Des milliers d'Américains occupent Wall Street, rejoignant ainsi un mouvement mondial qui, de Madrid à Jérusalem, vise à reprendre la démocratie des mains d'intérêts corrompus. Si nous sommes des millions à les soutenir, nous leur redonnerons le moral et montrerons aux médias et à nos dirigeants qu'il ne s'agit pas d'un mouvement marginal. Cliquez ci-dessous pour signer la pétition, chaque signature apparaîtra sur un compteur géant en temps réel situé en plein milieu de l'occupation de Wall Street:
Des milliers d'Américains occupent pacifiquement Wall Street, un épicentre de la puissance financière mondiale et de la corruption. Dernière lueur d'espoir en date, ces Américains viennent s'ajouter à un nouveau mouvement pour la justice sociale qui se répand comme une traînée de poudre de Madrid à Jérusalem ainsi que dans 146 autres villes et bientôt plus encore. Mais ils ont besoin de notre aide pour réussir.

Alors que les travailleurs paient la facture d'une crise financière causée par des élites corrompues, les manifestants demandent une réelle démocratie, la justice sociale et la lutte contre la corruption. Mais ils subissent de fortes pressions de la part des autorités, et certains médias les rejettent d'emblée en les qualifiant de groupes marginaux. Si nous sommes des millions du monde entier à les soutenir, nous renforcerons leur détermination et montrerons aux médias et aux dirigeants que ces protestations font partie d'un immense mouvement dominant pour le changement.

Cette année pourrait être l'année 1968 de notre siècle, mais pour réussir, ce mouvement doit rassembler tous les citoyens issus de tous les milieux. Cliquez pour rejoindre l'appel à une réelle démocratie -- un compteur géant, qui affichera en temps réel le nom de chacun d'entre nous qui aura signé cette pétition, sera érigé en plein milieu de l'occupation à New York et sera diffusé en continu sur la page de la pétition:

http://www.avaaz.org/fr/the_world_vs_wall_st_fr/?vl

La vague de protestation étendue au monde entier est le dernier chapitre en date dans l'histoire du pouvoir citoyen mondial qui s'est écrite cette année. Le suicide d'un marchand de fruits désespéré en Tunisie a déclenché le combat pour la démocratie dans tout le monde arabe. En Egypte, les gens ont envahi la Place Tahrir et renversé leur dictateur. En Inde, le jeûne d'un homme a amené des millions de personnes dans la rue et a mis le gouvernement à genoux, pour déboucher sur des mesures concrètes pour mettre fin à la corruption. Pendant des mois, les citoyens grecs ont protesté sans relâche contre les coupes injustes dans les dépenses publiques. En Espagne, des milliers d'"indignés" ont défié l'interdiction de manifestations pré-électorales et ont monté un camp de protestation sur la Puerta del Sol pour dénoncer la corruption politique ainsi que la gestion de la crise économique par le gouvernement. Et cet été, dans tout Israël, les gens ont construit des "villes-tentes" pour protester contre les coûts croissants du logement et exiger la justice sociale.

Ces épisodes nationaux convergent vers un même appel mondial et déterminé à mettre fin à la corruption des élites et des dirigeants politiques, qui dans de nombreux pays ont contribué à causer une crise financière désastreuse et veulent désormais que les familles et les travailleurs paient la facture. Le mouvement de masse en réponse peut non seulement s'assurer que le poids de la récession ne soit pas assumé par les plus vulnérables, mais peut aussi aider à rétablir le rapport de force entre la démocratie et la corruption. Cliquez pour soutenir le mouvement:
http://www.avaaz.org/fr/the_world_vs_wall_st_fr/?vl
A chaque soulèvement, du Caire à New York, l'appel à des gouvernements responsables qui servent leur peuple est manifeste, et notre communauté mondiale a soutenu ce pouvoir citoyen dans le monde entier, partout où il s'est exprimé. Le temps où quelques corrompus se mettaient dans la poche les dirigeants politiques arrive à son terme, et nous sommes en train de construire à la place des démocraties réelles avec et pour les citoyens.

Avec espoir,
Emma, Maria Paz, Alice, Ricken, Morgan, Brianna, Shibayan et toute l'équipe d'Avaaz
SOURCES
Contestation contre Wall Street: «C'est notre Printemps américain!» (La Tribune de Genève)
http://www.tdg.ch/actu/monde/contestation-contre-wall-street-printemps-americain-2011-10-07
Des ralliements aux Indignés de Wall Street (L'Humanité)
http://www.humanite.fr/monde/des-ralliements-aux-indignes-de-wall-street-480995
Le mouvement des Indignés: une réplique du printemps arabe? (Marianne)
http://m.marianne2.fr/Le-mouvement-des-Indignes-une-replique-du-printemps-arabe_a206832.html
Des ministères grecs bloqués pendant l'audit de la troïka à Athènes (Le Monde/AFP)
http://www.lemonde.fr/europe/article/2011/09/29/des-ministeres-grecs-bloques-avant-l-audit-de-la-troika-a-athenes_1579386_3214.html
Le mouvement Occupy Wall St - informations en ligne (en anglais)
http://occupywallst.org/
Le mouvement Occupy Wall Street commence à être pris au sérieux (France 24)
http://www.france24.com/fr/20111003-occupywallstreet-finance-new-york-protestation-internet-reseau-sociaux-capitalisme-critique-banque-occupation

Stoppons l'autoroute en Amazonie avec Avaaz.org

Lettre reçue par la Rédaction
Chers amis,



Le gouvernement bolivien est dans la tourmente à cause d'une autoroute géante qui découperait l'Amazonie et aggraverait la destruction de la forêt. Suite à la répression brutale menée contre les manifestants indigènes, le président est sur la défensive et a été contraint de réévaluer sa position. Soutenons les courageuses communautés indigènes pour stopper la répression et protéger l'Amazonie -- signez la pétition et partagez-la avec tous vos contacts:

Signez la pétition
Dimanche dernier, la police bolivienne a utilisé des gaz lacrymogènes et des matraques pour réprimer les manifestants indigènes - hommes, femmes et enfants - opposés à une méga-autoroute illégale qui découpera la forêt amazonienne protégée.
72 heures plus tard, le pays est en crise -- le ministre de la Défense a démissionné pour exprimer son dégoût, les Boliviens sortent manifester en masse dans les rues de tout le pays et le président Evo Morales a été contraint de suspendre temporairement la construction de l'autoroute. Cependant, de puissantes multinationales sont déjà en train de se répartir les dividendes de cette importante réserve naturelle. A présent, nous ne pouvons garantir le détournement de l'autoroute et la protection de la forêt que si le monde soutient ces courageux indigènes.
Avaaz vient de remettre une pétition urgente de 115 000 signatures de Boliviens et Latino-Américains à deux principaux ministres du gouvernement -- préoccupés par la pression publique massive, ils sont sur la défensive. Suite à cette violence brutale, faisons encore monter la pression et alertons le monde entier pour mettre fin à la répression et stopper la construction de l'autoroute. Cliquez ici pour signer la pétition urgente -- elle sera remise de façon spectaculaire au président Evo Morales lorsque nous aurons atteint 500 000 signatures:
http://www.avaaz.org/fr/bolivia_stop_the_crackdown_fr/?vl

Des milliers d'amérindiens ont marché pendant 6 semaines de l'Amazonie jusqu'à la capitale. Finalement, au cours d'une réunion avec Avaaz la semaine dernière, le ministre bolivien des Affaires étrangères s'est engagé à ouvrir le dialogue avec les leaders de la contestation. Samedi dernier, il est allé parler aux manifestants, mais lorsqu'il a refusé d'accéder à leurs principales revendications, ils l'ont obligé à marcher avec eux pour passer le barrage de police. Le jour suivant, les troupes ont donné l'assaut sur le camp des manifestants, ont violemment battu et arrêté des centaines d'entre eux, puis les ont fait monter dans des bus pour les évacuer de force.

L'autoroute en projet s'étirerait sur 300 kms et sectionnerait en plein cœur le parc national d'Isiboro Sécure (TIPNIS en espagnol), le joyau de l'Amazonie bolivienne, célèbre pour ses gigantesques arbres, son incroyable diversité écologique et ses eaux limpides. L'importance extraordinaire de la faune et de la flore du TIPNIS lui ont valu le statut de zone doublement protégée -- c'est à la fois un Parc National et une réserve indigène. L'autoroute est financée par le Brésil et devrait relier le Brésil aux villes portuaires du Pacifique. Mais en vérité, elle constituerait une voie empoisonnée qui détruirait ces communautés et la forêt, et laisserait la voie libre à l'exploitation de cette terre vierge par les sociétés forestières, pétrolières et d'exploration minière, et par des exploitations industrielles et agricoles à grande échelle. Une étude récente a estimé que 64% du parc naturel serait déboisé d'ici à 2030 si l'autoroute était construite.

Tant le droit bolivien que le droit international attestent que les chefs indigènes doivent être consultés si le gouvernement souhaite s'emparer de leurs terres, tandis que les communautés indigènes réclament des alternatives plus sûres pour favoriser la croissance économique et l'intégration régionale. Mais le gouvernement a ignoré l'expression de leur opposition et a sciemment omis d'examiner tout tracé d'autoroute alternatif qui passerai à l'extérieur du TIPNIS. En lieu et place, Morales fait pression pour un référendum dans la région, ce qui ferait fi de la loi et est considéré par beaucoup comme une tentative d'inventer de toutes pièces un consentement illégitime.

Morales, premier président amérindien de Bolivie, est mondialement connu pour ses prises de position fortes pour la défense de l'environnement et des populations indigènes. Encourageons-le à rester fidèle à ses principes, alors que le conflit latent a violemment atteint le point d'ébullition, et soutenons ceux qui sont en première ligne et qui luttent pour la protection de l'Amazonie et le respect des communautés indigènes -- signez cette pétition urgente pour stopper la répression et l'autoroute illégale:

http://www.avaaz.org/fr/bolivia_stop_the_crackdown_fr/?vl

Encore et encore, la protection de la terre dont nous dépendons tous et les droits des peuples indigènes sont sacrifiés par nos gouvernements sur l'autel du développement et de la croissance économique. Nos dirigeants choisissent souvent l'exploitation minière et la déforestation aux dépens de notre propre survie -- ce qui profite régulièrement aux sociétés étrangères. Dans le futur que nous voulons tous, l'environnement et la vie de personnes innocentes passent avant le profit. Le président Evo Morales a maintenant la chance d'appuyer son peuple, de sauver l'Amazonie et de refonder les bases d'un véritable développement pour l'Amérique latine.

Avec espoir,
Luis, Laura, Alice, Ricken, David, Diego, Shibayan, Alex et toute l'équipe d'Avaaz

SOURCES:

Bolivie: Evo Morales suspend un projet routier (L'Express/AFP)
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique/bolivie-evo-morales-suspend-un-projet-routier_1034380.html
Bolivie: démissions de ministres en série après la mobilisation contre un projet de route à travers l'Amazonie (20minutes/AFP)
http://www.20minutes.fr/article/795798/bolivie-demissions-ministres-serie-apres-mobilisation-contre-projet-route-travers-amazonie
L'intervention contre une marche d'Indiens amazoniens provoque un tollé (France 24/AFP)
http://www.france24.com/fr/20110926-bolivie-indigenes-amerindiens-environnement-politique-intervention-marche-amazonie-yucumo
Article citant une étude sur les prévisions de déforestation (en espagnol)
http://www.lostiempos.com/diario/actualidad/vida-y-futuro/20110703/analisis-historico-y-proyeccion_132222_268061.html
En Bolivie, la route qui a coûté à Evo Morales le soutien des Indiens (Le Monde)
http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2011/09/27/en-bolivie-la-route-qui-a-coute-a-evo-morales-le-soutien-des-indiens_1578252_3222.html

mardi 11 octobre 2011

L'angoisse: est-il sain de vouloir s'en débarrasser?

Généralement considérée comme pathologique, elle reste pourtant un facteur indispensable à la survie de notre espèce.

  Tandis que les manuels de gestion du stress et de pratique de méditations en tout genre se multiplient, invitant l’homme moderne dépressif à reprendre des modèles de la sagesse antique, il devient très en vogue de tenter de se libérer des émotions négatives pour vivre dans la sérénité la plus absolue possible. 
 Cependant, concevoir comment fonctionnerait une société dans laquelle on arriverait en retard et  tranquille pour effectuer une chirurgie d’urgence, et où l’on regarderait sans sourciller les événements de Fukushima, laisse plutôt perplexe.
   L’anxiété, la colère et l’indignation ne sont-elles pas nécessaires à toute évolution, et précurseurs de changements parfois salutaires?

Zen et actif
 On objectera ici qu’accepter n’est pas se résigner, et que le sang-froid et le calme sont les meilleurs atouts requis pour faire face aux situations de crises ou de danger extrême. Reste à savoir ce que l'on fait des cauchemars et des attaques de panique, qui surgissent généralement après-coup, ou avant terme. Est-il juste de traiter ces manifestations de névroses ou de pathologies mentales, sachant qu’elles correspondent, biochimiquement entre autres, au rétablissement d’équilibre entre adrénaline, sérotonine et noradrénaline dans l’organisme humain?

Les angoisses inutiles
Giulio Cesar Giacobbe nous propose, dans son best-seller «Même pas peur!», aux éditions First, des méthodes concrètes pour surmonter au quotidien nos peurs et nos inhibitions, qu’il considère comme une source majeure de souffrance. Il se réfère clairement à des blocages infantiles, inadéquats à l’âge adulte, en nous interrogeant alors le regard social au sujet de ce qui est "normal". L’attitude sûre et justement revendicative d’un employé, déterminé à dépasser son sentiment d’infériorité, pourra dans la vie concrète être jugée comme insolente et "sans complexe", et finalement entraîner son licenciement et son chômage. L’idéal qui consiste à exprimer une émotion authentique n’est pas toujours compatible avec la nécessité alimentaire, ni avec la réalité de l'entourage.

Le contexte
 Le même auteur nous expose dans un autre ouvrage Comment devenir Bouddha en cinq semaines, considérant cette illustre figure de la sagesse orientale comme une sorte de modèle de psychologue avant la lettre. L’offre est alléchante, si l’on met à part le fait que ce personnage, le plus célèbre du nom, puisqu’il existe plusieurs Bouddhas, était fils de Roi, et pouvait s’adonner à loisir à la méditation profonde sous un arbre, et cela durant des années. Qu’en serait-il du même prince s’il était né dans un contexte différent, comme dans celui du film poignant de Luis Buñuel, «Los Olvidados», parmi ces enfants mexicains de la rue, attrapés entre l’absence de mère, l’alcoolisme et la violence de leurs pères, et la nécessité d’être délinquants pour survivre?



La sagesse antique
 
Comme l’écrivit si justement Socrate, «Je peux me permettre d’être philosophe parce que je suis né dans une certaine classe sociale. Comme fils d’esclave, ma vie aurait sans aucun doute était différente.» A son tour, Marc Aurèle suppliait les Dieux de lui donner la force de changer ce qui peut être changé, d’accepter ce qui ne pouvait pas être transformé selon ses désirs ou sa volonté, et surtout, de savoir faire la différence entre les deux. C’est sur ce dernier point, peut-être, que les manuels de pratique d’attitudes «zen», qui peuvent s’avérer d’une grande aide sous bien des aspects, trouveront leurs limites.

Vision psychanalytique
Tandis que pour Sigmund Freud l’angoisse révèle «un plaisir ou un désir non exprimé comme tel», soit réprimé, ce qui conduisit son disciple Wilhelm Reich à l’ouverture de cliniques de «libération sexuelle», estimant qu’en faisant plus «l’amour» l’être humain deviendrait moins conflictuel, pour Carl Gustav Jung, observateur de la tradition des amérindiens Pueblos, l’anxiété signale l’éveil salutaire de la conscience du danger chez l’enfant, soit une étape de maturité.

Classifications médicales
La psychiatrie, quant à elle, considère que la peur est pathologique lorsqu’elle est signalée comme perturbante, douloureuse ou gênante par le sujet qui en souffre, et/ou par son entourage. Elle reconnaît ici la limite de son champ d’action, car le sujet capable de parler de ses angoisses est forcément moins oppressé que celui qui ne l’est pas. Autrement dit, le patient qui arrive en psychiatrie, avec comme motif un syndrome d’anxiété, appartient en général à une tranche de population moins névrosée que la moyenne, qui ignore ou dénigre son symptôme, et qui, le plus couramment, utilise l’alcool comme anxiolytique.

Culpabilité
 Il est remarquable de constater comment cet engouement pour les traditions orientales, amérindiennes ou tribales, qui se développe depuis les années 60, ridiculise souvent l’homme moderne dans sa vie étriquée métro-boulot-dodo. On lui offre des modèles chaque fois plus performants, au risque d’en être simplistes, garantis rapides et efficaces, pour en finir avec ses phobies et le soulager de ses traumatismes.
    La personne qui parle aujourd’hui d’une attaque de panique se verra proposer toute une panoplie de solutions, allant du valium à l’orientation Feng Shui de sa chambre à coucher, en passant par le yoga et par la litho thérapie, à savoir la guérison par les pierres, les fleurs de Bach et autres médecines alternatives, jusqu’à constater deux phénomènes surprenants : le pauvre "malade" n’aura pas eu le temps d'exposer son problème, alors qu’une écoute sympathique était probablement tout ce qu’il venait chercher. 

 Et, pour finir, devant une telle avalanche de solutions miracles, un sentiment de culpabilité collective se développe : c’est mal d’être angoissé, et c'est sûrement à la portée de tous d’en "guérir".

Le droit d'être anxieux

Indiscutablement, rajouter des reproches ici ne fera qu’aggraver les choses. Le regard de l’entourage, porté sur la personne en souffrance, sera déterminant, qu’on la considère comme malade mentale, ou avec indifférence et sans autre préoccupation, ou encore de façon humaine : ne traverse-t-elle pas simplement, en ce moment, des épreuves qui expliquent et valident son état, comme étant dans l’ordre du «normal» et de «l’acceptable»?

Ou bien est-il temps de demander de l’aide à un spécialiste, en évitant de juger et d’étiqueter, personne ne pouvant être le psychologue de sa propre famille?

Attention, c’est contagieux

 

Comme la crise de fou-rire se propage souvent chez les personnes qui en sont témoins, la peur crée un malaise qui ramène chacun à son propre vide existentiel, défini par le célèbre psychiatre et psychanalyste français Jacques Lacan, comme un état de «manque» caractéristique à l’espèce humaine. Dans ce mal-être intérieur, l’artiste cherche son inspiration et tente de se sublimer, en s’exprimant au travers ses œuvres, le chercheur pousse ses investigations avec la nostalgie qu’il pourrait aller encore plus loin, et la maîtresse de maison change la routine quotidienne autant qu’elle le peut, avant de s’y asphyxier, et dans la mesure de ses moyens. 
Ici les grandes traditions rencontrent les conclusions modernes, par exemple dans la pratique du bouddhisme-zen, centrée justement sur la contemplation et la confrontation au vide.

Si l’anxiété présente des symptômes et des caractéristiques générales et communes à l’ensemble d’une population, elle constitue cependant pour chacun un moment unique dans son histoire, dont le sens ne saurait se réduire à une analyse généralisée, qui correspondrait à un remède universel, et de surcroît garanti comme étant efficace pour tous, quel que soit le cas de figure.

Face à ce mystère existentiel, la prudence, la tolérance, la bienveillance et l’humilité sont peut-être les attitudes les plus opérantes, ainsi que l’écoute active et patiente.
 

Article dédicacé à notre invitée d’honneur Agnès Bella Tavassi, qui a choisi «Même pas peur!» de Giulio Cesar Giacobbe, aux éditions First, comme livre qui l’a profondément interpellée, et «Los Olvidados », de Luis Buñuel, comme film-culte, dévoilant ainsi la richesse de sa culture autant que celle de sa personnalité.


Agnès Bella Tavassi, Coach et Art thérapeute en profession libérale, diplômée en PNL.
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Ses blogs: Art Joyeux et
Mieux Etre et Coaching.

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jeudi 6 octobre 2011

Totems sans tabou, les Beaux-Arts d'Afrique: le Vohou-vohou

Les objets sacrés racontent leurs mythes et inspirent l’art contemporain.
Aperçu de l'atelier de Yapaud, peintre-sculpteur Vohou-vohou, notre invité d'honneur
  Né en Côte d’Ivoire dans les années 70, fondé par des artistes qui mélangent des matières ancestrales et de récupérations pour peindre ou sculpter, au carrefour entre leurs traditions et l’art contemporain, vohou-vohou signifie littéralement «bruissement de feuilles d’arbres, ou feuilles mélangées pêle-mêle».

La première génération

Les premiers peintres, débarqués à Paris à l’Ecole des Beaux-Arts vers 1970, apportaient avec eux des tableaux conçus dans leurs pays d’origine, avec des supports utilisés de tous temps par leurs ancêtres. Le plus commun était à base de "sparterie", une étoffe fruste, épaisse, de couleur ocre ou brune, fabriquée à partir de la matière ligneuse des arbres, ou d'écorce battue, qu’on appelle le tapa.

Des techniques novatrices
Ils y peignaient, taillaient, cousaient, collaient, et y incorporaient des matériaux trouvés sur place : tissus écrus ou imprimés, cauris, cordes, lianes, bambous et terre de couleur. Puis ils les assemblaient sur des châssis fabriqués de toutes pièces avec des bois mal équarris. Ces peintres utilisaient des tons naturels tirées des argiles, des poudres et des plantes. Ils se sont peu à peu regroupés en Côte d’Ivoire sous l’appellation de Vohou-vohou. On trouve, parmi eux, Aboueu, Diomandé, Koudougnon, Ozoua, Zézé, N’Guessan, Youssouf, Kouakou, Yacouba, et Meledge, qui sont actuellement exposés dans le monde entier.
Source : Cahier de l'ADEIAO n°1, 1985, Arts Africains Sculptures d’hier - Peintures d’aujourd’hui de J. Yankel, préface.

Un pionnier
Youssouf Bath, exposé à la Rotonde des Artistes, photo de Yapaud.
 Youssouf Bath est né en 1949 à Tabou, Cote d’Ivoire, où il vit et travaille actuellement, dans la ville de Dabou. Surnommé par ses pairs le «sorcier Vohou», il est spécialiste de peinture sur le tapa, cette toile obtenue dans du bois battu. En l’animant avec des pigments traditionnels, tirés de matières végétales et minérales, et en marquant ses lignes de contour avec des traits noirs, il crée des univers oniriques où l’homme est ramené à l’origine des choses pour mieux interpréter son présent. Youssouf Bath a exposé ses œuvres en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Il est présent dans plusieurs collections, dont celle du Musée à Ciel ouvert Tony Garnier de Lyon, sur la façade d’un immeuble de plusieurs étages, qu’il a entièrement recouverte de fresques étonnantes.
Il enseigne les arts plastiques au lycée moderne de Dabou.

Son élève Yapaud, notre invité d’honneur
Temps Anciens, de Yapaud
"Les témoins du temps sont ma vision nouvelle de notre société, dans laquelle chaque individu présente le film de sa vie, afin de prendre conscience de son existence" (…)"Chacune de mes œuvres est une devinette, un conte, une légende, un mythe, autrement dit, une histoire." Yapaud.

L’Influence de l’artisanat

Yapaud est né en 1978 à Grand-Akoudzin, en Cote d’Ivoire.
Dès son bas âge, il fait connaissance avec l’art à travers l’artisanat que pratiquait son père après les travaux champêtres : confection de nattes traditionnelles, de paniers, de chaises, de tabourets, de tailles de pilons et de mortiers.
Une rencontre déterminante
Yapaud, entre ses deux amis, devant sa toile exposé à la Rotonde des Artistes en même temps que celle de son maître Youssouf  Bath
Arrivé au collège et au lycée, il  fait connaissance avec l’artiste peintre Youssouf Bath, qui va activer et orienter sa fibre artistique.
Ceci le conduira au Centre Technique des Arts Appliqués de Bingerville (C.T.A.A.) et à l’Ecole Nationale des Beaux Arts (E.N.B.A.) à Abidjan-Cocody.
Il y obtient successivement le B.T.A., le D.E.A.G. et le D.E.S.A. ou Diplôme d’Etudes Supérieures Artistiques, avec mention très bien.

Une carrière qui démarre brillamment

Il participe ensuite à plusieurs expositions et obtient des distinctions parmi lesquelles le 2e prix de l’Agence Ivoirienne de Coopération francophone et du logo du conseil général d’Adzopé. Il enseigne actuellement au Centre Technique des Arts appliqués de Bingerville, où réside son atelier.
Peintre et poète
Parchemin, oeuvre de Yapaud
«Innocent, je traçais sur le sol,
Dans le sable, je laissais traces,
Peut être des gribouillis, des lettres, des mots, des dessins,…
Aucune Idée.
Sur l’ardoise, dans le cahier,
J’ai appris à écrire,
Parfois à dessiner, même avec les couleurs,
Et, j’ai compris que je m’exprimais.
Des Traits, des Lignes, des Taches,…
Se côtoient, s’associent, s’entrelacent,
Mais, ils s’organisent, se précisent avec mes mains et mes idées,
C’est alors que tout devient œuvre.»
Yapaud, «Mon parcours».


Les colliers, fétiches de guérison

 "Les colliers thérapeutiques de la médecine traditionnelle et leur matériel ont énormément contribué à la mise en place de mon écriture picturale. Ils sont l’une des sources de mon inspiration. Leurs différents éléments, tels que les perles, les cauris et les os, m’ont permis de créer des personnages en tenant compte de leurs formes, de leurs couleurs et de leurs graphismes. Ces personnages, qui semblent être des ombres ou des silhouettes, animent mes différentes compositions plastiques." Yapaud, «Mon inspiration».

Technique et couleurs
Hommage à la femme
«En outre, une recherche permanente de supports et de couleurs vient accentuer l’aspect expressif et symbolique de mes créations. Elles sont fournies comme des signes symbolique, ce qui m’offre un imaginaire dans lequel hommes, animaux, masques, et les statues se côtoient. Ma technique de travail est mixte : peinture à l’eau,  collage, couture, assemblage, récupération et installation. Toutes ces pratiques peuvent être réunies dans une seule œuvre.»
Pour en savoir plus


Vers de nouveaux horizons
“Les œuvres sur châssis et sur papier exposent la socialisation de l’homme, qui invite à la solidarité, l’entente, le respect et l’union. Les toiles libres et les claies nous renvoient aux réalités africaines à travers la structure de leurs supports. J’explore alors l’univers des chasseurs traditionnels, les Dozos, l’écriture africaine, ses mythes, ses signes et ses symboles, et la spiritualité. Avec les panneaux, j’ouvre des portes et des fenêtres sur le monde pour traduire la condition humaine. Une condition dans laquelle je pense aux sacrifiés, aux martyrs, aux sans-voix." Yapaud.
Pour en savoir plus sur la transmission orale des contes et légendes d’Afrique


  Contacts : Les œuvres de Yapaud sur Facebook, profil de Yapo Patrick Yapo.
Yapo Patrick Yapo sur Viadeo.
Yapo patrick Yapo sur LinkedIn.
Vidéo de Yapaud qui présente son art et son atelier.
Oeuvres et écrits de Yapaud sur Netlog.
Photos de Yapaud sur Flickr.com.
Yapo Patrick Yapo sur twitter : @ckyapaud


jeudi 29 septembre 2011

Recettes de lapin à la moutarde, comme celles que cuisinaient nos grands-mères

Une variété de savoir-faire, au four, à la cocotte, aux légumes, aux fines herbes et à la tendresse.
   Quel était donc le secret de nos grand-mères pour nous ouvrir l’appétit au seul fumet qui sortait de leurs cuisines? Etait-ce la saveur adhérente de la vieille cocotte en fonte, qui mijotait sur le poêle à bois des heures durant, à côté de la cafetière qui fumait soir et matin? Ou bien l’estragon et la ciboulette, fraîchement cueillis du jardin, qui embaumaient sous la fenêtre? Les morceaux choisis chez le fermier, qui élevaient ses bêtes dans des clapiers champêtres? Les légumes, qui n’avaient jamais connu de supermarché ni de conservateur? Ou encore le petit blanc sec, qui provenait au grand jour de l’épicier, ou de quelque familier, dans sa réserve illicite, fait maison, une fois la nuit tombée. Il nous en reste les ingrédients traditionnels, les modes de cuisson, à nous de retrouver le don de nos ancêtres.

Le sétan
Il se prépare avec un verre de gluten de blé, un autre d’eau, et traditionnellement une cuillère à soupe de soja ; ici on lui préférera bien sûr le vin blanc. On mélange tous les ingrédients dans un saladier, pour obtenir une pâte élastique, à laquelle on pourra donner une forme de pain, que l’on coupera par la suite en tranche, et que l’on fera mijoter comme les morceaux de lapin, pour les enfants qui refuseront de manger leur peluche préférée à table.
 Pour 6 personnes
-1 lapin coupé en morceaux, réserver le foie pour le mixer avec la sauce, selon les goûts, ou 6 râbles, indiqués de préférence pour la cuisson au four.
-2 échalotes, 1 gros oignon.
- 4 cuillères à soupe de moutarde, au choix : forte, de Dijon, à l’ancienne, à l’estragon, au poivre vert. Chacune donnera son cachet particulier au plat.
-crème fraîche : 25 cl ou 3 cuillères à soupe
- huile : d’olive si l’on ajoute thym, romarin et laurier aux fines herbes, sinon d’arachide ou de pépin de raisin, 3 cuillères à soupe.
- margarine végétale
-Sel, poivre


Éventuels 
-Estragon et ciboulette fraîche si possible,
-Champignons de Paris ou d’ailleurs, émincés ou entiers,
-Petites pommes de terre nouvelle entières, frites de carottes, ou purée simple ou mixte des deux,


-Céleri en branches, coupé en dés,
-Persil frais.
-Thym, romarin, laurier
- Farine, 2 cuillères à soupe,
-20 cl de vin blanc.

Au four ou à la cocotte?

On aura intérêt, dans le cas d’une cuisson au four, à préférer des râbles (un par personne) au lapin entier, de sorte à ce que les morceaux soient identiques en taille et en grosseur, et arrivent au terme de leur cuisson en même temps.
Dans les deux cas de figure, on utilisera une cocotte pour commencer, pour y faire revenir les morceaux de viandes avec l’oignon et l’échalote, que l’on tentera de confire dans le même mouvement. On fera donc chauffer doucement l’huile, pendant que l’on coupe les deux premiers en fines lamelles, puis on incorporera la margarine, pour leur donner le temps de roussir et de se caraméliser.

Habiller l’animal
On dore alors les morceaux de lapin poivrés et salés, et éventuellement saupoudrés d’estragon, dans cette préparation, enduits de farine si l’on compte continuer en dehors du four et constituer ainsi un début de sauce blanche, et badigeonnées de moutarde, si l’on souhaite en imprégner leur chair.

Légumes sauce moutarde?
On fait à l’inverse revenir le lapin «tout nu» si l’on choisit la typique recette «sauce moutarde», et l’on garde celle-ci pour l’ajouter au final à la crème fraîche et au vin blanc, constituant ainsi une marinade dont les légumes profiteront au même titre que la viande, et que la farine pourra éventuellement épaissir et rendre plus onctueuse.

Marions-les ensemble
On ajoutera à la cocotte : soit champignons et pommes de terre, soit carottes, ou céleris, et aussi pommes de terre, le tout étant de ne pas contrarier les saveurs, bien que les mélanges audacieux soient parfois des plus savoureux. 

Hors tradition, mais dans les limites autorisées par la créativité culinaire, l’usage de blettes et autre verdure s’est vu pratiquer. On peut aussi bien sûr cuire le lapin tout seul dans la sauce, tant qu’il ne se déprime pas.
On gardera le persil et la ciboulette fraîche pour la fin, au moment de servir.

Grillé

Les râbles de lapin présentent l’avantage de présenter «bien». Traditionnellement cuits au four, dans un plat huilé, recouverts par la sauce que l’on vient de constituer, puis d’une feuille d’aluminium pour éviter qu’ils ne se dessèchent, arrosés de vin blanc et d’une petite rasade d’huile supplémentaire, on les mijote à 180°C (four 6) une petite vingtaine de minutes. Ils seront tous dorés et tout jolis, mais parfois un peu «durs».

Patience et présence
Il faudra donc songer à les mouiller régulièrement, avec la persévérance et la précision de nos grands-mères. Rajouter des oignons, des champignons et des dés de céleri, au fond du plat enfourné, favorise la production de jus, tandis que les pommes de terre et les carottes le consommeront. Pour finir, on fera mijoter les morceaux de lapin une dizaine de minutes dans la crème fraîche, le vin blanc et la moutarde, si l’on a choisi l’option «sauce moutarde», dans le plat même du four, ou dans la cocotte de départ. Puis on recouvrira de persil et de ciboulette fraichement hachés selon les goûts, en disposant les morceaux sur un lit de champignons, ou entourés de carottes et de pommes de terre nouvelles.

Moelleux, fondants et purée

Si l’on veut se simplifier les choses, rester dans la cocotte de départ est de loin le plus facile : une fois les morceaux de viandes dorés, on rajoute les légumes, dans l’ordre de temps de cuisson requis par chacun, puis le vin blanc, on laisse mijoter une vingtaine de minutes, et quand la chair du lapin et de la pomme de terre sont faciles à défaire, on mélange la crème fraîche moutardée… Au risque de tout transformer en purée, en cela réside l’art de nos ancêtres : si la moutarde bout, au côté de la crème fraîche, des grains se forment et son goût vire… au vinaigre. Donc on ne peut pas l’ajouter avant que la cuisson de la viande et des légumes arrive à son terme, à moins de posséder l’une de ces plaques de cuisson sortie du 3ème millénaire, qui cuit sans bouillir, mais qui ne vaudra jamais le poêle de nos grands-mères. Et si on l’ajoute au dernier moment, le plat en est pauvrement imprégné, cela revient presque à la servir à part : «lapin sauce moutarde, avec moutarde (préparée) en pot».


Le sauvetage du lapin
Reste la solution hors-norme et peu civilisée de tenter de rattraper l’opération en ôtant les os du lapin (c’est à peu près infaisable, et passablement dangereux) fondu dans la cocotte, pour repasser le tout au four gratiné, dans une tentative avant-gardiste de constituer une nouvelle variante du traditionnel hachis Parmentier.

Une fois cette recette relue, et vos ingrédients de prédilections annotés, à côté du mode de cuisson choisi, il reste à espérer que vous conclurez, tout comme nous (la Rédaction), que mieux vaut laisser le lapin en paix : c’est un adorable animal, qui attendrit nos petits, et par défaut, on peut le remplacer, dans la cuisine chinoise, par la chaire du chat, qui lui est assez proche.
  Il est à reconsidérer maintenant avec attention notre premier paragraphe sur le sétan, que l’on enrichira prochainement d’un article sur le tofu, et de toute autre forme de préparation protéinée, à base de germe de blé, ou de soja, qui ne porte pas de fourrure et qui ne figure pas dans la panoplie connue des peluches pour s’endormir.


Article dédicacé à notre invité d’honneur Julien Gué, qui nous a mis au défi de retrouver la recette – et le doigté- de sa grand-mère pour préparer du lapin à la moutarde. Nous nous sommes quelque peu égarés, l’air du grand large polynésien, sans aucun doute.
Julien Gué, écrivain, rédacteur freelance, journaliste, correspondant de presse pour la Polynésie française, auteur de pièces de théâtre, metteur en scène, acteur et professeur d'art dramatique,
- concepteur de modules qui permettent aux enseignants d’utiliser le théâtre comme outil pédagogique :
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