mercredi 7 septembre 2011

Comment réaliser des icônes et des enluminures de style médiéval

St Théodore terrassant le dragon, peint par Sandrine Aulagnon
La technique de la peinture a tempera, ou à l’œuf, est fondamentale pour obtenir les couleurs et la lumière unique de ces œuvres d’autrefois.

Toute peinture est composée de trois ingrédients de base : les pigments, qui donnent la couleur, le diluant, qui permet de doser l’épaisseur et l’opacité du mélange, et de rincer les pinceaux, et le liant ou médium, qui détermine le grain, le brillant et la lumière finale. Depuis les papyrus de l’antiquité égyptienne jusqu’à l’Europe médiévale, en passant par les peintres d’icônes byzantins, la peinture a tempera, utilisant l’eau comme diluant et l’œuf comme liant, a dominé la pratique des artistes, consacrée aux arts sacrés et religieux. 
Création du Monde, peinte par Monique P, élève de Sandrine Aulagnon
   Son usage sur parchemin, sur papier et sur bois,  qui permet de relier les œuvres et d’illuminer les livres, connaît son plein essor en Europe à partir du XIIème siècle, son apogée au XIIIème siècle, et continue jusqu'au XVème siècle, où il est progressivement remplacé par la peinture à l'huile. Les pigments sont généralement d’origine minérale, tels que des quartzs, le lapis-lazuli, l’ocre, le cinabre, les oxydes de fer naturels, ou fruits de synthèses connues depuis l’antiquité entre une source minérale (pierres) avec des métaux : vermillon, bleu égyptien.

Le support
St Jean-Baptiste, peint par Sandrine Aulagnon
On privilégiera pour les icônes un support en bois non résineux, tel que le tilleul, exempt de tout nœud, recouvert de craie et enduit de colle animale, dite «gesso» en italien ou «levka» en grec, préparation qui s'utilisera aussi dans les débuts de la peinture à l’huile, qui fait en quelque sorte office de second liant. Au XVIème siècle, la technique devient mixte : le support est enduit de gesso, on y applique la peinture a tempera, et on ajoute des résines et de l'huile pour les finitions, afin d'obtenir plus de transparence et de faciliter le modelage.

Les lettrines
Pour les lettrines et les enluminures, on préférera du papier ou du parchemin, préparé d’une façon similaire, selon l’usage auquel on les destine. Il est également possible de peindre directement sur un mur, recouvert d’un enduit à base de plâtre, selon la technique dite de «Fresco Secco», soit de Fresques peintes «à sec», directement avec les pigments mélangés à l’œuf et très peu d’eau.

Le travail a tempera
Pentecôte avec la Vierge, peinte par Catherine L., élève de Sandrine Aulagnon
  Il existe trois variantes, celle qui utilise l’œuf entier, ou le blanc tout seul, dont la clarté est meilleure pour les enluminures sur parchemin, et enfin uniquement le jaune, symbole de résurrection, liant de prédilection des icônes.
La peinture sèche rapidement, elle se révèle moins modulable que la peinture à l’huile, plus fragile tant qu’elle n’est pas vernie, et les effets de transparence sont plus difficiles à rendre. C’est un travail de patience, apte à induire chez l’artiste un état de transe méditative, cette pratique faisant à l’origine partie des arts sacrés et religieux. 

Baptême, tempera peint par Sandrine Aulagnon
Par contre ses avantages sont nombreux : l’œuf est un médiateur doux qui respecte la fraîcheur des couleurs, et les garde intactes au fil des siècles. C’est la peinture la plus sûre et la plus résistante au temps, une fois sèche, tout liquide s’étant évaporé, il ne reste plus que la fixation des pigments qui produit un effet d’optique d’intensité et de profondeur. Pour finir, c’est de loin la plus économique.

Les modèles
Il est en général plus facile au début de choisir un modèle et d’apprendre à s’en inspirer, en le simplifiant, avant de se lancer dans la création pure. Pour les enluminures, qui incluent les lettres de l’alphabet médiéval et les exemples de retables, (ou motifs) des peintres dits «primitifs» du Moyen Age, on n’aura que l’embarras du choix. Des livres tels que Les très riches heures du Duc de Berry, que l’on peut se procurer aux éditions Tournai, collection La renaissance du Livre, qui contient 66 grandes miniatures, (origine du terme grec icône), et 65 petites, se trouvent intégralement en ligne, sur divers sites.

Quelques icônes traditionnelles
Présentation au temple, peint par Sandrine Aulagnon
Pour les icônes, qui représentent des images «non-faites de la main de l’homme», ce dernier n’étant qu’un récepteur transmetteur entre l’inspiration divine et l’œuvre sacrée destinée à contenir son esprit, soit la source même de sa vision, il existe des sites tels que Les Icônes byzantines et orthodoxes, qui ont échappé à la standardisation des liens réservés aux icônes informatiques, et qui sont riches en modèles et en références sur la technique, la bibliographie, les expositions et les lieux où contempler ces oeuvres. On trouvera également sur le site de l’atelier d’icônes Karatzas SPRL une série de cartes postales exposées.

Le témoignage de Sandrine Aulagnon, notre invitée d'honneur
Entrée à Jérusalem, peinture a tempera deMonique P.
 «Cette peinture « a tempera » sur bois me fascine, avec ses premiers grands retables (du Moyen-âge) confectionnés durant plusieurs années, d’un souci de détails impressionnant. De plus ces œuvres, plus anciennes que les peintures sur toile, ont traversées les siècles sans s’abimer si ce n’est par la main de l’homme (remaniements, mises au gout du jour) ou d’une mauvaise conservation (dans un lieu humide ou sous une fenêtre (ouverte !)), pire une inondation!
Durant mes études, j'ai été amené à copier des œuvres, dont certaines « a tempera » (à l’œuf). Je me forme aussi à l’iconographie, dont la technique est la même que celle de ces peintres dits primitifs (parmi eux: Giotto, Piero de la Francesca, Botticelli, Michel-Ange et Léonard de Vinci, ...).
Depuis 2005, je propose un atelier de peinture à l’œuf. Mes élèves peuvent s’inspirer d’une icône ou d’un retable de la fin du Moyen-âge ou début de la Renaissance, ou encore créer une œuvre avec cette technique très intéressante».

Les ateliers de Sandrine
 STAGE D'ENLUMINURE, 
LES LETTRINES ou l'alphabet ornementé.
Venez enluminer et illuminer votre initiale,
Selon les techniques traditionnelles.
Tout le matériel est fourni (feuille d'or, pigments, etc.).
Du 27 au 29 Septembre 2011
Mardi à jeudi 14h30 à 18h30
Solliès-Pont, 83 210.
Pour en savoir plus sur les tarif et les conditions d’inscriptions.


STAGE SUR LES ICÔNES
DU 18 AU 21 OCTOBRE 2011 (14h30 - 18h30) à Solliès-Pont

Vierge de tendresse, Sandrine Aulagnon
L'idéal serait d'avoir assisté à la conférence du vendredi 7 Octobre à Carqueiranne:
"Icônes et orthodoxie, particularités et histoire"
Tous niveaux
Réalisation d'une icône de son choix
sur un support en bois préparé
4 après-midi
Toutes fournitures comprises (support préparé, feuille d'or, pigments).

Pour en savoir plus sur les tarifs et conditions d’inscription.

La dimension thérapeutique

Transformation, toile a tempera de Sandrine Aulagnon
«Parallèlement, je m’intéresse toujours à la psychologie, au yoga et à la médecine dite douce ou alternative.
Après plusieurs formations, je suis diplômée en relation d’aide, puis en art thérapie.


L’art thérapie permet de communiquer d’une autre façon et ainsi de mettre à jour et de se libérer de certains traumatismes. Ce sont des séances adaptées à toutes personnes désireuses de mieux se connaitre, et d’avancer au mieux pour elles et à leur rythme, en étant attentives aux messages de l’inconscient.
Le fait de passer par le non verbal (dessin, improvisation musicale, modelage, collage, ou jeux) permet d’extérioriser plus facilement ce que le mental ne libère pas.
Cette méthode thérapeutique est idéale en séance individuelle pour les enfants et les personnes timides».

Sandrine Aulagnon.


Cursus universitaire de Sandrine
«Durant ma scolarité (Ste maxime, Paris, Lyon, Aix), je suis tous les cours de dessin de l’école, découvre les musées et peux rester des heures devant un tableau à en analyser tous les détails. Je m’oriente vers un bac scientifique, tout en gardant en option le dessin et suis même les cours du soir des beaux-arts, d’après modèles vivants.
C’est d’ailleurs mon professeur de dessin qui me parle d’une école de Restauration Conservation de tableaux à Paris. Profession dont je ne connaissais pas l’existence mais qui semble regrouper beaucoup de mes points d’intérêts: scientifique (maths et surtout chimie), dessin, histoire de l’art.
Devant la longue liste d’attente, je prépare un DEUG d’histoire de l’Art et un DEUG de psychologie (autre point d’intérêt). Les programmes étant importants, je ne peux finaliser que le DEUG d’histoire de l’art et pars à Paris pour rentrer à la Sorbonne en Maitrise de Sciences et Techniques de Restauration Conservation de tableaux.
J'obtiens ce diplôme concrétisant 4 années d’étude, dont une de stage que je passe en Avignon.
Puis j'installe mon atelier à Solliès-Pont, je suis agrée par les Musées et les Monuments Historiques.
Passionnée par cette profession, intéressée par la déontologie qui l’entoure respectant l’intégrité de l’œuvre et son peintre, j'approfondie ce sujet en faisant un DEA d’histoire de l’art sur "les interventions sur les panneaux peints des primitifs provençaux".

Sandrine Aulagnon.

Sources de cet article

Sandrine Aulagnon, restauratrice de tableaux, peintre, 
animatrice d’ateliers d’enluminure et de peinture médiévale, professeur de yoga et art-thérapeute, fondatrice de l’association "Arts dans tous ses états".
-Sur Facebook 
- Sa page Facebook :"Art dans tous ses états"
- Son groupe Facebook "Arts dans tous ses états"
- Son site web personnel : a-arts-s.fr
- Site partagé avec d’autres artistes : Couleurs du temps
Pour toute information au sujet de ses ateliers : 300 Ch. de la Cressonnière 83210 Solliès-Pont
Tel : 04 94 33 77 95 et 06 03 43 72 17

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