jeudi 29 septembre 2011

Recettes de lapin à la moutarde, comme celles que cuisinaient nos grands-mères

Une variété de savoir-faire, au four, à la cocotte, aux légumes, aux fines herbes et à la tendresse.
   Quel était donc le secret de nos grand-mères pour nous ouvrir l’appétit au seul fumet qui sortait de leurs cuisines? Etait-ce la saveur adhérente de la vieille cocotte en fonte, qui mijotait sur le poêle à bois des heures durant, à côté de la cafetière qui fumait soir et matin? Ou bien l’estragon et la ciboulette, fraîchement cueillis du jardin, qui embaumaient sous la fenêtre? Les morceaux choisis chez le fermier, qui élevaient ses bêtes dans des clapiers champêtres? Les légumes, qui n’avaient jamais connu de supermarché ni de conservateur? Ou encore le petit blanc sec, qui provenait au grand jour de l’épicier, ou de quelque familier, dans sa réserve illicite, fait maison, une fois la nuit tombée. Il nous en reste les ingrédients traditionnels, les modes de cuisson, à nous de retrouver le don de nos ancêtres.

Le sétan
Il se prépare avec un verre de gluten de blé, un autre d’eau, et traditionnellement une cuillère à soupe de soja ; ici on lui préférera bien sûr le vin blanc. On mélange tous les ingrédients dans un saladier, pour obtenir une pâte élastique, à laquelle on pourra donner une forme de pain, que l’on coupera par la suite en tranche, et que l’on fera mijoter comme les morceaux de lapin, pour les enfants qui refuseront de manger leur peluche préférée à table.
 Pour 6 personnes
-1 lapin coupé en morceaux, réserver le foie pour le mixer avec la sauce, selon les goûts, ou 6 râbles, indiqués de préférence pour la cuisson au four.
-2 échalotes, 1 gros oignon.
- 4 cuillères à soupe de moutarde, au choix : forte, de Dijon, à l’ancienne, à l’estragon, au poivre vert. Chacune donnera son cachet particulier au plat.
-crème fraîche : 25 cl ou 3 cuillères à soupe
- huile : d’olive si l’on ajoute thym, romarin et laurier aux fines herbes, sinon d’arachide ou de pépin de raisin, 3 cuillères à soupe.
- margarine végétale
-Sel, poivre


Éventuels 
-Estragon et ciboulette fraîche si possible,
-Champignons de Paris ou d’ailleurs, émincés ou entiers,
-Petites pommes de terre nouvelle entières, frites de carottes, ou purée simple ou mixte des deux,


-Céleri en branches, coupé en dés,
-Persil frais.
-Thym, romarin, laurier
- Farine, 2 cuillères à soupe,
-20 cl de vin blanc.

Au four ou à la cocotte?

On aura intérêt, dans le cas d’une cuisson au four, à préférer des râbles (un par personne) au lapin entier, de sorte à ce que les morceaux soient identiques en taille et en grosseur, et arrivent au terme de leur cuisson en même temps.
Dans les deux cas de figure, on utilisera une cocotte pour commencer, pour y faire revenir les morceaux de viandes avec l’oignon et l’échalote, que l’on tentera de confire dans le même mouvement. On fera donc chauffer doucement l’huile, pendant que l’on coupe les deux premiers en fines lamelles, puis on incorporera la margarine, pour leur donner le temps de roussir et de se caraméliser.

Habiller l’animal
On dore alors les morceaux de lapin poivrés et salés, et éventuellement saupoudrés d’estragon, dans cette préparation, enduits de farine si l’on compte continuer en dehors du four et constituer ainsi un début de sauce blanche, et badigeonnées de moutarde, si l’on souhaite en imprégner leur chair.

Légumes sauce moutarde?
On fait à l’inverse revenir le lapin «tout nu» si l’on choisit la typique recette «sauce moutarde», et l’on garde celle-ci pour l’ajouter au final à la crème fraîche et au vin blanc, constituant ainsi une marinade dont les légumes profiteront au même titre que la viande, et que la farine pourra éventuellement épaissir et rendre plus onctueuse.

Marions-les ensemble
On ajoutera à la cocotte : soit champignons et pommes de terre, soit carottes, ou céleris, et aussi pommes de terre, le tout étant de ne pas contrarier les saveurs, bien que les mélanges audacieux soient parfois des plus savoureux. 

Hors tradition, mais dans les limites autorisées par la créativité culinaire, l’usage de blettes et autre verdure s’est vu pratiquer. On peut aussi bien sûr cuire le lapin tout seul dans la sauce, tant qu’il ne se déprime pas.
On gardera le persil et la ciboulette fraîche pour la fin, au moment de servir.

Grillé

Les râbles de lapin présentent l’avantage de présenter «bien». Traditionnellement cuits au four, dans un plat huilé, recouverts par la sauce que l’on vient de constituer, puis d’une feuille d’aluminium pour éviter qu’ils ne se dessèchent, arrosés de vin blanc et d’une petite rasade d’huile supplémentaire, on les mijote à 180°C (four 6) une petite vingtaine de minutes. Ils seront tous dorés et tout jolis, mais parfois un peu «durs».

Patience et présence
Il faudra donc songer à les mouiller régulièrement, avec la persévérance et la précision de nos grands-mères. Rajouter des oignons, des champignons et des dés de céleri, au fond du plat enfourné, favorise la production de jus, tandis que les pommes de terre et les carottes le consommeront. Pour finir, on fera mijoter les morceaux de lapin une dizaine de minutes dans la crème fraîche, le vin blanc et la moutarde, si l’on a choisi l’option «sauce moutarde», dans le plat même du four, ou dans la cocotte de départ. Puis on recouvrira de persil et de ciboulette fraichement hachés selon les goûts, en disposant les morceaux sur un lit de champignons, ou entourés de carottes et de pommes de terre nouvelles.

Moelleux, fondants et purée

Si l’on veut se simplifier les choses, rester dans la cocotte de départ est de loin le plus facile : une fois les morceaux de viandes dorés, on rajoute les légumes, dans l’ordre de temps de cuisson requis par chacun, puis le vin blanc, on laisse mijoter une vingtaine de minutes, et quand la chair du lapin et de la pomme de terre sont faciles à défaire, on mélange la crème fraîche moutardée… Au risque de tout transformer en purée, en cela réside l’art de nos ancêtres : si la moutarde bout, au côté de la crème fraîche, des grains se forment et son goût vire… au vinaigre. Donc on ne peut pas l’ajouter avant que la cuisson de la viande et des légumes arrive à son terme, à moins de posséder l’une de ces plaques de cuisson sortie du 3ème millénaire, qui cuit sans bouillir, mais qui ne vaudra jamais le poêle de nos grands-mères. Et si on l’ajoute au dernier moment, le plat en est pauvrement imprégné, cela revient presque à la servir à part : «lapin sauce moutarde, avec moutarde (préparée) en pot».


Le sauvetage du lapin
Reste la solution hors-norme et peu civilisée de tenter de rattraper l’opération en ôtant les os du lapin (c’est à peu près infaisable, et passablement dangereux) fondu dans la cocotte, pour repasser le tout au four gratiné, dans une tentative avant-gardiste de constituer une nouvelle variante du traditionnel hachis Parmentier.

Une fois cette recette relue, et vos ingrédients de prédilections annotés, à côté du mode de cuisson choisi, il reste à espérer que vous conclurez, tout comme nous (la Rédaction), que mieux vaut laisser le lapin en paix : c’est un adorable animal, qui attendrit nos petits, et par défaut, on peut le remplacer, dans la cuisine chinoise, par la chaire du chat, qui lui est assez proche.
  Il est à reconsidérer maintenant avec attention notre premier paragraphe sur le sétan, que l’on enrichira prochainement d’un article sur le tofu, et de toute autre forme de préparation protéinée, à base de germe de blé, ou de soja, qui ne porte pas de fourrure et qui ne figure pas dans la panoplie connue des peluches pour s’endormir.


Article dédicacé à notre invité d’honneur Julien Gué, qui nous a mis au défi de retrouver la recette – et le doigté- de sa grand-mère pour préparer du lapin à la moutarde. Nous nous sommes quelque peu égarés, l’air du grand large polynésien, sans aucun doute.
Julien Gué, écrivain, rédacteur freelance, journaliste, correspondant de presse pour la Polynésie française, auteur de pièces de théâtre, metteur en scène, acteur et professeur d'art dramatique,
- concepteur de modules qui permettent aux enseignants d’utiliser le théâtre comme outil pédagogique :
* dans le cadre de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture,
* de la recherche de l’information et de son utilisation.
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vendredi 23 septembre 2011

Les baleines à bosse et le cinéma en Polynésie française


Chaque année, de juin à novembre, les baleines à bosse viennent séjourner depuis toujours dans les eaux polynésiennes, devenues un sanctuaire.
copyright Michel Fayadat
  Il fait beau sur Tahiti ce matin. Un vent d’est vif et frais soulève une houle courte mais violente sur le Pacifique. Cependant pas de quoi nous empêcher d’embarquer avec Michel Fayadat pour quelques heures de pur bonheur, à la rencontre des baleines à bosse.
La rencontre avec les cétacés est un moment unique d’intense émotion que rien ne saurait vraiment décrire.

  Aujourd’hui, nous avons le bonheur de contempler les ébats d’une mère et de son petit, accompagnés (chose très rare) d’un mâle en quête d’une compagne. Un peu plus tard, nous croisons la route d’une autre baleine accompagnée de son rejeton…

Les baleines à bosse en Polynésie
Depuis des temps immémoriaux, les baleines à bosse viennent se réfugier dans les eaux polynésiennes afin d’y mettre leur petit au monde, loin de la nuit glaciale des eaux antarctiques.
  Ainsi, de juin à novembre, il est possible de contempler ces fabuleux mammifères tout près des barrières de corail. Si l’archipel des Marquises est le seul à être délaissé par les baleines, il est possible de les rencontrer dans les quatre autres. Toutefois, curieusement, la zone la plus fréquentée par les cétacés est celle qui entoure les îles sœurs de Tahiti et Moorea, soit celle qui est la plus habitée et où circulent le plus d’embarcations de toutes sortes.

 La baleine à bosse est un animal qui ne change pas facilement ses habitudes. Ainsi, chaque année, elle revient dans ces mêmes eaux où elle est née pour y mettre au monde son petit et lui permettre de grandir et grossir avant de retourner se nourrir à proximité de l’Antarctique. Et lui-même reviendra inlassablement au même endroit, durant toute sa longue vie de baleine.
On estime actuellement à un millier le nombre de baleines ayant élu la Polynésie française comme lieu de villégiature

Les raisons de la migration des baleines à bosse
Si la baleine à bosse vit essentiellement dans les eaux glaciales de l’océan Austral, c’est qu’elle y trouve sa nourriture : le krill.
Le krill (euphasia superba) est une petite crevette des eaux froides qui constitue l’essentiel de l’alimentation de nos baleines. Pour la petite histoire, il faut savoir que pour grossir d’un kilo, notre cétacé doit avaler cent kilos de sa crevette préférée !
  Pour en savoir plus : Merveilleuses baleines à bosse de Polynésie française, in "Tahiti, ses îles et Julien Gué".

Alors que le cinéma en est à son deuxième siècle d'existence, aussi isolée soit-elle, la Polynésie française a inspiré bien des histoires immortalisées sur la pellicule.
  Les toutes premières séquences cinématographiques tournées en Polynésie seraient l’œuvre de Gaston Méliès (le frère du célébrissime Georges Méliès).
 Âgé de soixante ans, il s’embarque pour un long périple dans les mers du Sud pendant il tourna de très nombreux films dont aucun ne trouva d’acheteur à son retour.
C’est au cours de ce voyage qu’il aurait tourné en Polynésie un film intitulé «Ballade des mers du Sud ». Hélas: ce film s’est perdu corps et bien !... N’ayons pas trop de regrets: il n’est pas certain du tout qu’il ait été tourné à Tahiti. En fait, la venue même de Gaston Méliès sur nos îles est sujette à caution.
La véritable histoire polynésienne du cinéma de fiction débuterait donc, avec certitude cette fois, en 1927 avec un film de Robert Flaherty et W. S. Dyke: «White shadows of the south see» qui deviendra «Ombres blanches» en VF. C’est ce même Flaherty qui signera au côté de Friedrich Murnau le scénario du «Tabu» tourné à Bora Bora deux ans plus tard.

Fictions et documentaires
  Tout comme pour la peinture ou la littérature, nos îles ont toujours été une source inépuisable d’inspiration pour les cinéastes. Le mythe polynésien est toujours aussi puissant pour la plupart des artistes occidentaux, mais l’ouverture de l’aéroport de Tahiti permit une augmentation sensible des tournages. (...) Read more at Suite101 : Le cinéma et la Polynésie: Lagons et cocotiers en 24 images secondes | Suite101.fr
Julien Gué, écrivain, rédacteur freelance, journaliste, correspondant de presse pour la Polynésie française, auteur de pièces de théâtre, metteur en scène, acteur et professeur d'art dramatique,
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Kalahari, Amazonie, Malaisie (...): les bonnes nouvelles de Survival International

Lettre reçue ce 22 septembre 2011 par la Rédaction:
Enfin de l’eau pour les Bushmen du Kalahari!

Allégresse au Kalahari après la réouverture d’un puits.

Les Bushmen du Kalahari célèbrent la réouverture de leur puits, fermé il y a neuf ans par décision gouvernementale. Les autorités l’avaient scellé pour forcer les Bushmen à quitter leurs terres, mais la victoire d’une bataille judiciaire, soutenue par les sympathisants de Survival, a permis de forer de nouveaux puits. Cet événement marque la première étape vers leur retour définitif sur leur territoire ancestral, conformément au verdict prononcé par un tribunal en 2006.
Malgré leur victoire dans le procès le plus long de l’histoire du pays, leur droit fondamental à l’eau n’a été reconnu qu’en janvier dernier par la Cour d’appel du Botswana. Aujourd’hui, avec le concours de l’ONG Vox United, le puits de Mothomelo a été réouvert et une pompe solaire a été installée.
Les Bushmen sont actuellement en train de retourner dans la région. C’est la première fois depuis 2002 – date à laquelle le gouvernement botswanais avait scellé le puits – qu’ils peuvent enfin disposer d’eau à profusion. Durant toutes ces années, n’ayant jamais été autorisés à réouvrir ce puits, ils s’abreuvaient de melons sauvages ou de dépressions naturelles dans le sable qui retiennent les rares eaux de pluie.
En savoir plus (+ vidéos)

Transmission des valeurs ancestrales pour les enfants des cultures indigènes
   Des forêts luxuriantes du bassin amazonien aux confins glacés de la toundra arctique en passant par les déserts arides d’Afrique australe ou les hauts plateaux du Pérou, sur tous les continents, les enfants élevés dans les communautés indigènes acquièrent les connaissances, les savoir-faire et les valeurs qui ont assuré la survie de leurs groupes pendant des générations.
En Malaisie, les enfants penan aident à construire la maison à l’aide de jeunes arbres et de feuilles de palmier géantes; sous la surface azurée de la mer Andaman, les enfants moken apprennent à attraper les dugongs, les crabes et les concombres de mer à l’aide de longs harpon ; en Mongolie, on enseigne aux enfants tsaatan l’art de maîtriser les troupeaux de rennes et de les conduire dans leurs enclos.
Les enfants indigènes sont les héritiers de leurs territoires, de leurs langues et de manières uniques de voir le monde, ils sont les dépositaires du savoir de leurs ancêtres. Habituellement élevés dans des communautés où la solidarité du groupe est nécessaire à sa survie, ils y apprennent que la vie est tournée vers le ‘nous’ et non le ‘je’ et vers une relation harmonieuse avec la nature et non vers sa destruction.
En savoir plus, une galerie d'images splendides.


Les ciné-débats Survival reprennent
Les ciné-débats Survival reprennent dès le mois d’octobre tous les premiers mardis du mois à 20h avec une programmation exceptionnelle et des intervenants de qualité au cinéma La Clef à Paris. Prochaine séance, mardi 4 octobre avec ‘Joe Leahy’s Neighbours’, de Bob Connolly et Robin Anderson, en présence de Thierry Garrel, ex-directeur du programme documentaire d’Arte.
En savoir plus.

jeudi 22 septembre 2011

Introduction aux blasons et à la science héraldique

Ville de Nancy
Du moyen-âge à nos jours, les blasons fascinent par leurs symboles et par leur histoire.
L’origine exacte du terme blason est méconnue. On l’attribue soit au latin « blasus», qui signifie «arme de guerre», soit au mot «blâsjan», du bas français de l’époque de Clovis, au Vème siècle, qui se rapporte à une torche enflammée et à la gloire, ou encore à l’allemand «blasen» , qui signifie sonner du cor, pour annoncer, entre autre, l’arrivée de personnes en armes.
  Les premières traces de son usage remonteraient à sept siècles avant J.C., selon Hérodote, lorsque les Cariens, marins et mercenaires du sud-ouest de l’Asie mineure, enseignèrent aux grecs à mettre des crinières au sommet de leurs casques, des insignes sur leurs boucliers et des courroies pour se les passer au bras.
Blason du Comte Clermont Bourbon
Il apparut en Europe au XIème siècle, pour permettre de distinguer les alliés des ennemis sur les champs de batailles, la légende racontant que dans la mêlée, un soldat eut l’idée de décrire à voix haute les vêtements et les armes du noble pour lequel il se battait à ses compagnons. Ceci le convertit en premier héraut de l’histoire occidentale, avant même l’existence du terme.

La naissance des blasons
Blason Charolais

L’alourdissement de l’armure des chevaliers par un heaume, qui cachait leur visage pour protéger leur tête et leur cou, rendait impossible de les identifier en pleine action, et ce en dépit des bannières qui portaient leurs couleurs, mais qui restaient plantées en arrière-garde. Vint alors l’idée de copier les motifs de leurs étendards sur leurs boucliers, selon des normes très précises, répertoriées par les officiels chargés de leurs armes, et de les annoncer lors des cérémonies et des tournois. Ainsi naquit la science héraldique, ou d’étude des armoiries, reposant sur la fonction des hérauts, autrefois ménestrels, qui comptaient la gloire de leur seigneur de village en village.

L’Ecu et ses revêtements
Vitry le François

 Support de bois, de fer ou de peau, il servait depuis l’antiquité, en même temps qu’à se protéger des coups, à impressionner l’ennemi. Les revêtements, dits «émaux» pour les blasons, suivront les mêmes constituants. On privilégiera l’or et l’argent pour les métaux, le vair et l’hermine pour les fourrures, et six couleurs de base pour la peinture a tempera sur bois. Il sera considéré de mauvais goût, ou comme une entorses aux règles héraldiques, de mélanger deux métaux ou deux fourrures différentes, ainsi que des couleurs considérées comme incompatibles entre elles, telles que le rouge, dit «gueule», et le bleu, dit «azur». Les exceptions sont réservées aux événements et aux personnages hors du commun.

L’écuyer
Chargé de porter les couleurs de son seigneur sur ses vêtements, il le représente en son absence, l’accompagne dans toutes ses batailles, soigne son cheval et se forme par son exemple à devenir chevalier, sur une période de sept années. Il en coûte le même temps aux suiveurs d’armes pour devenir hérauts, fonction qui se situe entre l’huissier de cérémonie, l’ambassadeur transmetteur de messages, et le diplomate pour différentes provinces.
Blason de Normandie
 Au commencement, ces spécialistes des blasons étaient rattachés à une terre, et changeaient de nobles en fonction des victoires et des défaites de leurs propriétaires. Les écuyers pouvaient à leur tour se former pour devenir hérauts au lieu de chevaliers, à la demande de leur seigneur en particulier, et leur restaient alors assignés.

Les pièces du blason
Elles constituent la séparation de l’écu en bandes, selon des tracés géométriques définis : «parti», pour une division verticale, «coupé», à l’horizontal, et «tranché», en oblique. Ces mots vont changer au fur et à mesure que ce découpage se complique et se répète : un blason «parti de trois» et «coupé d’un» sera donc partagé en trois bandes verticales distinctes et une horizontale en son milieu, et c’est dans ces termes que le héraut devra l’annoncer, en précisant ses couleurs, ses matières, et le détail des figures qui l’ornementent. Ces codes identifient la personne à laquelle ils se rattachent et sont compréhensibles par tous, à une époque où la lecture reste le privilège de quelques élus.

Les figures, dites «meubles», et leurs symboles
Basse Normandie

Tout objet, être vivant ou signe, peut constituer le meuble d’un blason : étoile, tour, plante, animal, élément. Les abeilles, par exemple, symbolisent l’espérance et sont l’emblème héraldique des princes, non-souverains d’un empire, peintes en or sur un chef (sommet du bouclier) d’azur. Une ancre renversée au cœur (centre du blason) d’azur représente les marins d’eau douce, qui assurent la navigation des fleuves et des grands lacs, ainsi que leurs villes, mélangée à d’autres figures.

Du bouclier à l’homme
Il reste à préciser que les côtés de l’écu sont appelés «des flancs», pour réaliser que l’écu et ses parties, chef, cœur, pointe (pied) et flancs, représentent le corps humain, en particulier celui de l’écuyer qui les porte comme habit.
Pour en savoir plus, et choisir vos symboles pour réaliser votre blason personnel, voici une liste de meuble héraldiques sur wikipedia.

Les armes
Blason de Saint Didier
Les armes sont constituées par l’ensemble des meubles, des couleurs et des figures représentés sur un écu, qui doivent pouvoir être décrites en langage héraldique, et qui jouent, d'une certaine façon, le même rôle qu'une marque ou qu’un logo d’aujourd’hui. Elles doivent être le plus simple possible, pour en favoriser une lecture rapide, puisqu’elles seront annoncées avant même de nommer leur titulaire, qui en est le propriétaire physique et moral.

Blasonner
C’est l’art du héraut qui consiste à énumérer à voix haute les pièces et meubles d’un bouclier : «De gueules à une croix d’or, cantonnée de quatre briquets du même, adossés deux à deux, qui est de Constantinople.»
Représentation très stylisée d'un briquet à battre la pierre (pièce métallique que l'on frappait avec un silex pour produire une étincelle). Son annonce en langage héraldique : "De gueules (rouge x 4 pièces) à une croix d’or, cantonnée de quatre briquets du même (or), adossés deux à deux, (qui se tournent le dos), qui est de Constantinople", d’où l’importance pour les hérauts de connaître les symboles de chaque ville et de chaque nations. Le même en argent est le blason de Serbie.
Source : Wikipedia.org

Les armoiries
Beaumont sur Sarthe
Les armoiries désignent les armes et leurs ornements complémentaires : heaume, couronnes, figures armées aux côtés, dit «tenants», et tout objet qui peut décorer la sculpture, peinture, tapisserie, gravure ou reproduction du blason pour l’encadrer, et parfois donner plus de précision sur le sujet de sa représentation, en fonction d’un contexte particulier par exemple. Elles restent également la propriété exclusive de leur titulaire.

Piratage
Il était interdit de copier le blason d’un autre pour s’en attribuer la gloire, et pourtant la mode des plagiats commençait déjà, des meubles similaires à ceux des grandes familles créant l’illusion d’un certain prestige.
A l’inverse, des couleurs portées lors d’une cuisante défaite, ou d’un acte de lâcheté, voire d’immoralité, pouvaient être abandonnées ou brisées, c’est-à-dire recoupées par d’autres motifs.

Au fil du temps
Blason Royal
 Chaque événement était susceptible de donner lieu à une modification de l’écu : lors d’un mariage, les armes de la famille de l’épouse venaient généralement s’ajouter à la gauche de celles de son mari. De même s’inscrivait l’acquisition de terrains, les modifications du château, l’ajout d’une croix à l’occasion d’une guerre sainte,et l’élévation de titre dans la noblesse, chaque rang ayant son symbole.

Un puits d’histoire
C’est ainsi que certains écus permettent de reconstituer, année par année, la vie des chevaliers devenus nobles, et de leurs ancêtres, dont les figures étaient reprises, de leurs domaines et de leurs cités, puisqu’on les retrouvait gravés non seulement sur leurs boucliers, mais aussi sur les portes et les rempart de leurs villes, sur les livres et les parchemins de leur époque et de leur région, sur les sculptures, les plaques des cheminée, les carrosses, les coffres, et autres objets de leur appartenance. C’est pour cela qu’au même titre que l’étude des sceaux, l’héraldique est aujourd’hui considérée comme l’une des sciences de l’histoire.

L’ancêtre des passeports
Juridiquement, les armes sont l'équivalent dessiné d'un nom propre, de famille ou de lieu, et en constituent l’emblème, de la même façon qu’un sceau, sur lequel elles étaient en partie gravées, et qui une fois imprégné dans la cire d’un cachet, certifiait une signature. De là naquirent les chevalières, ces bagues ornementées et sculptées en relief, issues d’une tradition d’hommes au combat qui devaient se transmettre des informations. On peut donc considérer les blasons comme une ébauche de documentations médiévales, associées aux personnes nées, par opposition aux manants qui ne possédaient point de titre, et que l’on désignait par des termes communs : du bois, du près, du pont.

Droit international
Ile de la Réunion

Les armes, soit l’ensemble des meubles (figures), couleurs et textures d’un blason en langage héraldique, constituent une propriété régulière, transmissible héréditairement, et susceptible d'être acquise (achetée, conquise, échangée) ou conférée, soit offerte pour former une alliance, ou par reconnaissance. Le droit associé aux armoiries s'apparente à celui des marques, et c'est probablement le premier objet sur lequel un titre de propriété international ait été élaboré, chaque royaume respectant les couleurs des autres, sans se les attribuer en dehors d’une annexe gagnée au combat, ou par mariage.

Dimension spirituelle
Maison des Lorente du Pays Basque
 Au commencement de cette tradition, l’héritier d’une maison et de ses armes n'était pas considéré comme noble par essence, tant qu’il n'avait pas prouvé sa valeur, son honneur et sa dignité, par ses propres actions et par sa conduite, redorant ainsi, le cas échéant, «le blason» de ses ancêtres. Rien n’était donc joué d’avance. Si les insignes retraçaient les hauts faits de ses aïeux, tant que les siens ne venaient pas s’y ajouter, il était reconnu comme vivant dans leur ombre.
  Confectionner un nouveau blason revient donc à matérialiser la réalisation de soi, à trouver sa place dans sa lignée parentale, à créer de nouvelles alliances, à se révéler au sein de sa cité, et pour finir, à se forger une identité dans le monde, et ce jusqu’à l’étranger.
  Si au fil des siècles la valeur morale s’est perdue et s’est rabaissée aux marchandages de titres, la valeur spirituelle des symboles médiévaux est restée intacte. Forgés par les archétypes de l’inconscient collectif, qui structurent aujourd’hui la mentalité de l’homme moderne, on les retrouve, depuis les images les plus profondes de ses rêves, jusque dans la marque de ses vêtements et de ses objets quotidiens, ainsi que sur les écussons de ses équipes sportives préférées, de ses grandes universités, et, pour finir, comme insignes de toutes ses entreprises.

Royal Air Force
La force émotionnelle mise en jeu ici n’a d’équivalent que la valeur marchande véhiculée par les logotypes des multinationales.
Réaliser  pour soi-même un blason original, c’est remonter à la source authentique de sa propre histoire et de sa vraie personnalité, pour se libérer, entre autre, des empruntes collectives qui ne correspondent pas toujours à notre nature profonde.

Sources : - Traité d'héraldique, de Michel Pastoureau, éditions Picard, Paris, 2008.
- Wikipedia.
- Un site exceptionnel sur ce thème, l’Héraldique et l’Art des Blasons.
- L’Art du Blason et Identité Graphique

Réalisation de votre blason personnel
avec
Sandrine Aulagnon
Restauratrice d'art et art-thérapeute.

«Je vous propose la réalisation d'un blason avec vos emblèmes, signe de votre accomplissement (choix de vos couleurs, de vos symboles). Mis dans la matière grâce à une technique "alchimique" permettant la création de sa propre palette de couleur avec un œuf. La Tempera all' uovo ou Peinture à l'œuf était la principale technique de peinture d'Art en Europe au Moyen Âge. La réalisation d'un blason signe et porte en cela les couleurs, les symboles, les signes ou les emblèmes, qui, par le sentiment, apportent une dimension active à cet accomplissement de Soi dans la matière et l'énergie».

Sandrine Aulagnon, D.E.A. en “Préhistoire, Archéologie, Histoire et Civilisation de l’Antiquité et du Moyen Age ” à l’Université de Provence, et diplômée de l'U.E.P.S.R.H (Université Européenne Privée des Sciences et Ressources Humaines). Relation d’aide et développement du potentiel humain, spécialisation en art thérapie, méthode d'expression à travers différentes techniques artistiques, et en connaissance du processus analytique selon C.G.Jung, à Mulhouse.
- Sa page Facebook :"Art dans tous ses états"
- Son groupe Facebook "Arts dans tous ses états"
- Son site web personnel : a-arts-s.fr
- Site partagé avec d’autres artistes : Couleurs du temps
Pour toute information au sujet de ses ateliers : 300 Ch. de la Cressonnière 83210 Soliès-Pont
Tel : 04 94 33 77 95 et 06 03 43 72 17 et 06 03 43 72 17

Chevalerie et Blason
Chemin Initiatique, Accomplissement de SOI

Présenté par Guy Garnier, Sandrine Aulagnon et Vincent Folatre.
Sur demande
Séminaire du Vendredi soir au Dimanche 17h00
Centre équestre Les Ibériades, lieu-dit Eternet à Malansac (56)
Aucun niveau équestre et en arts plastiques n'est demandé

Renseignements et inscriptions : Espace thérapies, La Luardaye 56200 Saint Martin sur Oust –09.50.76.03.84, 09.50.76.03.84

«L’âme de la chevalerie laisse en notre être un parfum subtil, délicat et puissant, familier et pourtant mystérieux. Elle plonge au plus profond de nos racines occidentales, en leur mémoire et leur imaginaire, et élève nos cœurs aux dimensions de l'éveil et des exigences initiatiques. Le blason est la langue sacrée de la chevalerie. Il a pour mission de «fixer» le feu des potentialités et la mémoire des hauts faits tout en affirmant l’exigence d’un accomplissement de Soi sans cesse renouvelé».Association Arts dans tous ses États.
Triptique de présentation de l'association Arts dans tous ses États