jeudi 6 octobre 2011

Totems sans tabou, les Beaux-Arts d'Afrique: le Vohou-vohou

Les objets sacrés racontent leurs mythes et inspirent l’art contemporain.
Aperçu de l'atelier de Yapaud, peintre-sculpteur Vohou-vohou, notre invité d'honneur
  Né en Côte d’Ivoire dans les années 70, fondé par des artistes qui mélangent des matières ancestrales et de récupérations pour peindre ou sculpter, au carrefour entre leurs traditions et l’art contemporain, vohou-vohou signifie littéralement «bruissement de feuilles d’arbres, ou feuilles mélangées pêle-mêle».

La première génération

Les premiers peintres, débarqués à Paris à l’Ecole des Beaux-Arts vers 1970, apportaient avec eux des tableaux conçus dans leurs pays d’origine, avec des supports utilisés de tous temps par leurs ancêtres. Le plus commun était à base de "sparterie", une étoffe fruste, épaisse, de couleur ocre ou brune, fabriquée à partir de la matière ligneuse des arbres, ou d'écorce battue, qu’on appelle le tapa.

Des techniques novatrices
Ils y peignaient, taillaient, cousaient, collaient, et y incorporaient des matériaux trouvés sur place : tissus écrus ou imprimés, cauris, cordes, lianes, bambous et terre de couleur. Puis ils les assemblaient sur des châssis fabriqués de toutes pièces avec des bois mal équarris. Ces peintres utilisaient des tons naturels tirées des argiles, des poudres et des plantes. Ils se sont peu à peu regroupés en Côte d’Ivoire sous l’appellation de Vohou-vohou. On trouve, parmi eux, Aboueu, Diomandé, Koudougnon, Ozoua, Zézé, N’Guessan, Youssouf, Kouakou, Yacouba, et Meledge, qui sont actuellement exposés dans le monde entier.
Source : Cahier de l'ADEIAO n°1, 1985, Arts Africains Sculptures d’hier - Peintures d’aujourd’hui de J. Yankel, préface.

Un pionnier
Youssouf Bath, exposé à la Rotonde des Artistes, photo de Yapaud.
 Youssouf Bath est né en 1949 à Tabou, Cote d’Ivoire, où il vit et travaille actuellement, dans la ville de Dabou. Surnommé par ses pairs le «sorcier Vohou», il est spécialiste de peinture sur le tapa, cette toile obtenue dans du bois battu. En l’animant avec des pigments traditionnels, tirés de matières végétales et minérales, et en marquant ses lignes de contour avec des traits noirs, il crée des univers oniriques où l’homme est ramené à l’origine des choses pour mieux interpréter son présent. Youssouf Bath a exposé ses œuvres en Côte d’Ivoire et à l’étranger. Il est présent dans plusieurs collections, dont celle du Musée à Ciel ouvert Tony Garnier de Lyon, sur la façade d’un immeuble de plusieurs étages, qu’il a entièrement recouverte de fresques étonnantes.
Il enseigne les arts plastiques au lycée moderne de Dabou.

Son élève Yapaud, notre invité d’honneur
Temps Anciens, de Yapaud
"Les témoins du temps sont ma vision nouvelle de notre société, dans laquelle chaque individu présente le film de sa vie, afin de prendre conscience de son existence" (…)"Chacune de mes œuvres est une devinette, un conte, une légende, un mythe, autrement dit, une histoire." Yapaud.

L’Influence de l’artisanat

Yapaud est né en 1978 à Grand-Akoudzin, en Cote d’Ivoire.
Dès son bas âge, il fait connaissance avec l’art à travers l’artisanat que pratiquait son père après les travaux champêtres : confection de nattes traditionnelles, de paniers, de chaises, de tabourets, de tailles de pilons et de mortiers.
Une rencontre déterminante
Yapaud, entre ses deux amis, devant sa toile exposé à la Rotonde des Artistes en même temps que celle de son maître Youssouf  Bath
Arrivé au collège et au lycée, il  fait connaissance avec l’artiste peintre Youssouf Bath, qui va activer et orienter sa fibre artistique.
Ceci le conduira au Centre Technique des Arts Appliqués de Bingerville (C.T.A.A.) et à l’Ecole Nationale des Beaux Arts (E.N.B.A.) à Abidjan-Cocody.
Il y obtient successivement le B.T.A., le D.E.A.G. et le D.E.S.A. ou Diplôme d’Etudes Supérieures Artistiques, avec mention très bien.

Une carrière qui démarre brillamment

Il participe ensuite à plusieurs expositions et obtient des distinctions parmi lesquelles le 2e prix de l’Agence Ivoirienne de Coopération francophone et du logo du conseil général d’Adzopé. Il enseigne actuellement au Centre Technique des Arts appliqués de Bingerville, où réside son atelier.
Peintre et poète
Parchemin, oeuvre de Yapaud
«Innocent, je traçais sur le sol,
Dans le sable, je laissais traces,
Peut être des gribouillis, des lettres, des mots, des dessins,…
Aucune Idée.
Sur l’ardoise, dans le cahier,
J’ai appris à écrire,
Parfois à dessiner, même avec les couleurs,
Et, j’ai compris que je m’exprimais.
Des Traits, des Lignes, des Taches,…
Se côtoient, s’associent, s’entrelacent,
Mais, ils s’organisent, se précisent avec mes mains et mes idées,
C’est alors que tout devient œuvre.»
Yapaud, «Mon parcours».


Les colliers, fétiches de guérison

 "Les colliers thérapeutiques de la médecine traditionnelle et leur matériel ont énormément contribué à la mise en place de mon écriture picturale. Ils sont l’une des sources de mon inspiration. Leurs différents éléments, tels que les perles, les cauris et les os, m’ont permis de créer des personnages en tenant compte de leurs formes, de leurs couleurs et de leurs graphismes. Ces personnages, qui semblent être des ombres ou des silhouettes, animent mes différentes compositions plastiques." Yapaud, «Mon inspiration».

Technique et couleurs
Hommage à la femme
«En outre, une recherche permanente de supports et de couleurs vient accentuer l’aspect expressif et symbolique de mes créations. Elles sont fournies comme des signes symbolique, ce qui m’offre un imaginaire dans lequel hommes, animaux, masques, et les statues se côtoient. Ma technique de travail est mixte : peinture à l’eau,  collage, couture, assemblage, récupération et installation. Toutes ces pratiques peuvent être réunies dans une seule œuvre.»
Pour en savoir plus


Vers de nouveaux horizons
“Les œuvres sur châssis et sur papier exposent la socialisation de l’homme, qui invite à la solidarité, l’entente, le respect et l’union. Les toiles libres et les claies nous renvoient aux réalités africaines à travers la structure de leurs supports. J’explore alors l’univers des chasseurs traditionnels, les Dozos, l’écriture africaine, ses mythes, ses signes et ses symboles, et la spiritualité. Avec les panneaux, j’ouvre des portes et des fenêtres sur le monde pour traduire la condition humaine. Une condition dans laquelle je pense aux sacrifiés, aux martyrs, aux sans-voix." Yapaud.
Pour en savoir plus sur la transmission orale des contes et légendes d’Afrique


  Contacts : Les œuvres de Yapaud sur Facebook, profil de Yapo Patrick Yapo.
Yapo Patrick Yapo sur Viadeo.
Yapo patrick Yapo sur LinkedIn.
Vidéo de Yapaud qui présente son art et son atelier.
Oeuvres et écrits de Yapaud sur Netlog.
Photos de Yapaud sur Flickr.com.
Yapo Patrick Yapo sur twitter : @ckyapaud


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