lundi 4 juillet 2011

Généalogie et constellations familiales

Dans les secrets de nos ancêtres se trouvent les clefs de notre vie présente : comment se les réapproprier ?

L’intérêt  qu’offre l’étude d’un arbre généalogique, au-delà de découvrir les secrets croustillants de nos ancêtres au travers les siècles, est bien mis en valeur par le travail sur les constellations familiales, qui peut nous soulager ici et maintenant du poids du passé.
    Méthode de thérapie  brève transgénérationnelle, mise au point par l’ex-missionnaire et psychothérapeute allemand Bert Hellinger, dans la lignée du psychodrame de Jacob Lévy  Moreno,
cette pratique agit sur l’inconscient collectif familial pour déjouer les maladies, les symptômes et les scénarios de vie qui se répètent d’une génération à l’autre.  Selon le fameux précepte du psychiatre suisse Carl Gustav Jung,  « ce qui ne vient pas à la conscience revient sous forme de destin ».

L’héritage inconscient

  Le postulat de base repose sur la constatation que nous souffrons souvent de malaises, d’addictions, d’obsessions, et  de comportements au sens large, dont les clefs nous échappent parce qu’ils représentent la somme des problèmes non réglés par nos aïeux. Nous en héritons, à notre insu le plus souvent, en même temps que nous recevons leur patrimoine génétique et leurs biens matériels.  On parle alors de mémoire familiale inconsciente.

Le mécanisme

La situation de totale dépendance, dans laquelle se trouve le petit d’humain à sa naissance, l’amène à faire sien, et ce de forme inconditionnelle, le destin de sa famille. Il le partagera sans réserve, et si besoin est, à ses propres dépens. Pour des raisons de survie du système global dans lequel il naît, comme l’étudie la thérapie systémique,  il devra porter les souffrances et les problèmes d’autres membres de son groupe. Qu’il soit chargé d’une mission de réparation d’un dysfonctionnement familial,  ou au contraire, d’en manifester les troubles, il fera donc face à des responsabilités et  à des problèmes qui ne lui appartiennent pas, et dont les autres se délivrent sur lui, sans même s'en rendre compte dans la majorité des cas.

Un fonctionnement tribal

 Ce mécanisme inconscient régit à peu près tous les groupes sociaux.  On le retrouve à l’école, par exemple dans la « tête de turc », objet du rejet et des moqueries de tous, aussi bien qu’en entreprise, dans les « chouchous » et les « exclus » du patron, que dans une équipe de football. Partout où se forme un clan humain, le manque de respect, en ce qui concerne en particulier l'égalité d'appartenance de chacun au même titre, les positions hiérarchiques, qui impliquent devoirs et responsabilités, et  l’équilibre entre donner et recevoir, crée des distorsions de fonctionnement qui sont étudiées et reconnues, notamment en sociologie.

Les personnes-symptômes

  Au sein d’une famille, on désigne par le terme  «d’enfant-symptôme »  le jeune qui a pour mission d’évacuer, par son comportement inadapté et ses maladies, les problèmes récurrents présents au sein de son entourage: violence, inceste, alcoolisme, dettes, et tout ce qui va avec.
En détournant par ses crises l’attention du groupe en-dehors de ses vrais problèmes, il en sauve momentanément le mode de vie global.  Tant qu’il occupe le premier plan avec ses histoires, on peut négliger, voire oublier le reste, qui pourtant est à l’origine du drame, mais qui demeure enfoui, avec sa cause profonde, dans le secret des générations passées.

Le  remède

Le travail sur les constellations familiales se pratique en groupe, chaque membre étant tour à tour invité à mettre en scène sa famille, en choisissant parmi les autres ceux qui lui évoquent ses proches, sans forcément respecter le sexe : une femme peut être désignée pour représenter un père, et ainsi de suite. Le sujet dont on soigne la famille, désigné par le terme de «constellant », place précisément dans l’espace chacun des participants qu’il a choisis, représentant  ainsi instinctivement ceux qui sont proches entre eux, ceux qui se tournent le dos, et ceux qui sont exclus, selon son inspiration.
Puis il s’assoit et écoute, avec le reste du groupe et le psychothérapeute qui guide la séance, comment réagissent chacune des personnes qui représentent ses familiers.

Révélation

Les sentiments, les émotions et les ressentis exprimés par les participants au cours de la mise en scène vont peu à peu faire apparaître les secrets, les liens cachés, les non-dits, les règles et leurs transgressions, qui sont responsables des troubles du patient. Les acteurs changent de place sur la scène thérapeutique jusqu’à trouver toutes les origines des perturbations, en mettant en lumière ce qui était jusque-là totalement ignoré dans l’histoire familiale du sujet.
Ensuite chaque personne cherchera, une par une, sa juste place dans la constellation,  en veillant à réintégrer les exclus, à rendre son rôle à chaque parent, dans le respect de chaque génération, et à dégager ainsi l’avenir des enfants et petits-enfants.

Guérison 

L’effet  thérapeutique repose sur l’intégration mentale et émotionnelle de cette nouvelle image finale, qui se grave dans la mémoire familiale inconsciente du patient en lieu et place des blessures d’autrefois. Son histoire n’a pas changé, et pourtant des souvenirs nouveaux se sont créés, grâce à la mise en scène des révélations qui bouleversent ce qu’il savait, pensait ou croyait jusqu’à ce jour.

En-dehors de l’espace et du temps, les constellations agissent généralement sur tous les membres d’une même famille, bien qu’un seul d’entre eux assiste aux séances,  parfois à l’insu des autres.  Ses bienfaits thérapeutiques se font sentir sur chacun, où qu’il se trouve, même à des milliers de kilomètres de distance du centre de psychologie où le travail a eu lieu.

Pour en savoir plus: Centre thérapeutique de constellations familiales.
Les Constellations familiales: guérir de son destin familial
Constellations et solutions systémiques.



Article dédicacé à notre invitée d’honneur Michèle Lallée-Lenders, passionnée de généalogie, qui a retrouvé « jusqu’à 5000 ancêtres d’une même famille, avec leur histoire au XVIème, XVIIème, et XVIIIème siècle », sa période de prédilection.

1 commentaire:

  1. Un grand merci, chère Catherine, pour cet article tellement intéressant.
    J'en connaissais le principe.
    Je suis ravie et très flattée de paraître sur ton blog. :)

    RépondreSupprimer