jeudi 14 juillet 2011

Les Américains n'y connaissent rien en philosophie

Les Américains n'y connaissent rien en philosophie

C'est le constat d'Alexis de Tocqueville qui rapporte, en visitant les Etats Unis au XIXème siècle, que le matérialisme s'y est développé sans aucune réflexion préalable. 
"Je ne crois pas qu'il existe, dans le monde civilisé, aucun autre pays dont on se préoccupe moins de philosophie qu'aux 
Etats Unis  ".

Alexis de Tocqueville plante, avec ces mots, l'introduction de son oeuvre, De la démocratie en Amérique, second volume, première partie, premier chapitre, première phrase.
      Son livre, fondé sur ses voyages, est une base indispensable pour comprendre sa rencontre avec 
"la grande république libérale et fédérale de son époque  ", selon ses termes. Bien que la raison profonde de son expédition fût de fuir les menaces dues à ses origines aristocratiques mal vues dans la France révolutionnaire, son attirance pour le libéralisme du nouveau continent fixa son choix vers cette terre d'asile.

   Découvrir que ni même le nom de René Descartes n'y était connu ne laissa pas de le surprendre. En effet, la politique dominante du nouveau monde semblait suivre les réflexions de base du fameux mathématicien, dont les préceptes se voyaient appliqués sans raisonnement préalable, phénomène d'autant plus étrange lorsque l'on connaît sa maxime: 
"Je pense donc je suis  ".
(Tocqueville: Les sources aristocrates de la liberté, de Lucien Jaume, éditions Fayard, 2008, page 473 et suivantes).

L'argent l'emporte sur la raison 
Dans le premier tome du même ouvrage, Alexis de Tocqueville analyse que cette ignorance se doit à l'importance des affaires qui supplante, même dans le milieu des penseurs et des gouvernants, la réflexion nécessaire pour construire une démocratie respectueuse de la liberté. L'influence de l'argent compte en premier lieu dans les décisions d'Etat, les financiers acquièrent un pouvoir méprisable mais admiré, et l'esprit devient un atout de succès.

Le résultat justifie les moyens
Le philosophe continue en notant que la science, loin de constituer une base de méditation de la part des intellectuels américains, comme c'est le cas pour la France du XIXème siècle, et ce en grande partie grâce au cartésianisme, se révèle être au profit et à l'usage des dirigeants. De la même façon, Alexis de Tocqueville interprète que l'intelligence sert pour le contrôle social, et les hommes de lettres laissent leur office en faveur des négoces. Parvenir au résultat sans se laisser enchaîner par les moyens, se concentrer sur le fond sans s'arrêter sur la forme, telles seraient les maximes pour penser et agir sur le nouveau continent.

Une philosophie stéréotypée
On observe cependant que presque tous les habitants des Etats Unis partagent la même façon de raisonner, et que leurs conduites obéissent aux mêmes règles, selon un patron de comportement uniformisé. C'est pourquoi il est envisageable de dire qu'ils possèdent, sans "jamais s'être donné la peine d'en fournir les fondements ", une certaine méthode de philosophie, qui consiste à éluder les préoccupations que pose la démocratie naissante, fuir les habitudes et les traditions, que l'on considère comme des informations, au même titre que l'on contemple les faits présents en terme de données, pour dépasser dans le futur les résultats d'hier.


De la démocratie au despotisme
Les pires craintes d'Alexis de Tocqueville, quant au système démocratique libéral, duquel il se révéla un fervent adepte tout au long de sa vie, paraissent prendre forme lorsque l'opinion de la majorité prévaut systématiquement. La liberté de la pensée originale se trouve ainsi menacée, avec toutes les conséquences que l'on peut s'imaginer, en particulier quand il s'agit de l'exercice effectif des droits politiques de la part du citoyen. La puissance de la masse et l'absence de critique élaborée ouvrent la porte au danger, sans cesse signalé par l'auteur, qui pèse au-dessus de toute démocratie: devenir despotique.

La raison du plus fort 
 On compte aux Etats Unis de nombreux avocats et juristes qui occupent la place des penseurs d'Europe, faisant des nouvelles lois de l'Etat un cadre de conformité qui élabore, pas à pas, le mode de vie du peuple, lequel montre une confiance aveugle vis-à-vis de ces autorités. Dans cette situation, Alexis de Tocqueville opine que le despotisme pourrait bien se changer en une forme de contrôle totalitaire, propre au communisme de Karl Marx, et que si l'on arrive ainsi à l'égalité des droits face à la loi, c'est au prix du sacrifice total du libre arbitre de chacun. 

 En cherchant les traits communs qui résument la forme de raisonner et de se comporter de l'américain libéral, le philosophe français conclut que l'effort individualiste de chacun pour réussir dans sa propre vie est le facteur prédominant, avec une logique et une méthodologie efficaces, calculées et froides, ce qui fait des Etats Unis le pays dans lequel on étudie le moins, tandis que l'on y suit pourtant les préceptes de René Descartes d'une forme exemplaire, sans en avoir jamais lu un traitre mot.

Artículo en español: Los Americanos no saben nada de filosofía

A la fin du XXème siècle, David Bowie poursuit le thème à sa façon:

Uh-uh-uh uh, uh, uh-uh uh-uh-uh
Johnny's in America                            Johnny est en Amérique
No tricks at the wheel                           Pas de blagues au volant
Uh-uh-uh uh, uh, uh-uh uh-uh-uh
Nobody needs anyone                         Personne n'a besoin de personne
They don't even just pretend        Enfin, c'est juste ce qu'ils prétendent
Uh-uh-uh uh, uh, uh-uh uh-uh-uh
Johnny's in America                            Johnny est en Amérique

[CHORUS]
I'm afraid of Americans                       J'ai peur des Américains
I'm afraid of the world                         J'ai peur du monde
I'm afraid I can't help it                        J'ai peur de ne pouvoir rien y faire
I'm afraid I can't                                   J'ai peur de ne pas pouvoir
I'm afraid of Americans                       J'ai peur des Americains

Johnny's in America                             Johnny est en Amérique
Johnny wants a plane                           Jonnhy veut un avion
Johnny wants to suck on a Coke   Johnny veut aspirer un coca-cola
Johnny wants a woman                        Johnny veut une femme
Johnny wants to think of a joke          Johnny veut penser à une blague
Uh-uh-uh uh, uh, uh-uh uh-uh-uh
Johnny's in America                             Johnny est en Amérique
[CHORUS]
I'm afraid of Americans
Uh-uh-uh uh, uh, uh-uh uh-uh-uh
Johnny's in America                             Jonnhy est en Amérique
Johnny looks up at the stars    Jonnhy regarde en l'air les étoiles
Johnny combs his hair                          Jonnhy plaque ses cheveux
And Johnny wants pussy in cars  Jonnhy veut minauder en voitures
I'm afraid of Americans

God is an American                                Dieu est un Américain
God is an American                                Dieu est un Américain

[CHORUS]
Yeah, I'm afraid of Americans                 Ouais, j'ai peur des Américains
I'm afraid of the words                             J'ai peur des mots
I'm afraid I can't help it                     J'ai peur de ne pouvoir rien y faire
I'm afraid I can't                                       J'ai peur de ne pas pouvoir
I'm afraid of Americans                            J'ai peur des Americains

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