dimanche 17 juillet 2011

Triompher et être heureux dans une relation d’après Paul Watzlawick

Les clefs du bonheur consistent à repérer les recettes de la souffrance et les chemins de l’échec, pour savoir en déjouer les pièges. 
 Paul Watzlawick en 1977

La base de la pensée de Paul Watzlawick tient dans cette citation : « Nous construisons le monde, alors que nous pensons le percevoir. Ce que nous appelons "réalité" (individuelle, sociale, idéologique) est une interprétation, construite par et à travers la communication avec autrui. »

« Une idée, pour peu qu'on s'y accroche avec une conviction suffisante, qu'on la caresse et qu’on la berce avec soin, finira par produire sa propre réalité. »  Paul Watzlawick, Faites vous-mêmes votre malheur, page 54

A côté de son travail scientifique de thérapeute proprement dit, cette méthode humoristique d’écriture et de divulgation des dernières grandes découvertes en psychologie est caractéristique de l’auteur, qui a publié deux autres livres dans la même ligne:
Guide non conformiste pour l'usage de l'Amérique, où il se moque quelque peu de ses compatriotes, et Comment réussir à échouer, avec des objectifs proches de Faites vous-mêmes votre malheur.


Les meilleures recettes pour (se) faire souffrir

1)      Faites vous-même votre malheur est un ouvrage du psychologue, psychothérapeute, psychanalyste jungien et sociologue autrichien de naissance,  Paul Watzlawick, qui sera par la suite naturalisé américain, livre paru en français aux éditions du Seuil, titre original : The situation is hopeless but not serious - The pursuit of unhappiness, 1983.
   Ce best-seller, facile et divertissant à lire, pour tout public, concerne chacun d’entre nous dans les moindres détails de notre vie privée, ainsi que pour nos relations publiques. Il se présente comme une parodie des ouvrages voués aux conseils pratiques,  du type « Faites vous-même votre maison », ou « comment réparer sa voiture ». 

 Les paradoxes et les doubles contraintes

Parmi les paradoxes que Watzlawick a étudiés, celui appelé la double contrainte, emprunté à Bateson, l'a particulièrement intéressé. Quand on dit à quelqu'un "Sois spontané !", le seul fait d’intimer cette injonction introduit une impossibilité de réponse satisfaisante: soit vient un refus, une réaction spontanée mais négative, soit vient une soumission, qui ne peut pas, par essence, être spontanée. Cette double contrainte a pour effet de vicier dès le départ la communication et de provoquer une réaction en chaîne de malentendus.


L’art de pourrir les roses
 Un autre exemple, typique des histoires de couples, est celui du fameux bouquet. « Tu ne m’offres jamais de fleurs ! », reproche la femme à son mari. Vient le jour où son conjoint arrive avec des roses et se présente, tout content, son bouquet à la main. Sa femme réagit alors avec colère: « C’est parce que je te l'ai dit que tu m'offre des fleurs! ». Et le mari, déstabilisé par sa remarque désagréable, pourra à son tour reprocher à son épouse son manque de gratitude.
 
En route vers la dépression

Ces fonctionnements psychologiques permettent d'enfermer l'autre dans un type de relation dont il ne peut pas sortir sans dommages. La répétition et l'accoutumance génèrent de véritables dépressions, le sujet se trouvant doublement abattu: non seulement il ne devrait pas être déprimé, puisque c’est lui le responsable du pseudo-problème, mais il se sent en plus accusé de « gâcher l’ambiance » et de décevoir l’entourage.

Jusqu’au sadomasochisme

Le goût du malheur trouve un terreau favorable dans les volontés sublimées, l'amour du sacrifice, et les relations asymétriques entre une femme dévouée et un homme dépendant, une mère esclavagée par un enfant mal élevé (par qui ?),  relations qui ne feront que renforcer les tendances latentes. Chacun y cherche une gratification personnelle, un « service rendu ». Watzlawick  dit à ce sujet: « on sait qu'un sadique est un homme qui refuse de faire souffrir une masochiste ». 
        Paul Watzlawick en 2007, année de son décès.
1)      Comment réussir à échouer est un ouvrage du psychologue, psychothérapeute, psychanalyste jungien et sociologue Paul Watzlawick paru aux éditions Norton en 1986, en français aux éditions du Seuil en 1988. Cet ouvrage, en écho à  Faites vous-même votre malheur, qui  présentait les moyens pour parvenir à se faire souffrir sans le vouloir, traite ici des divers chemins qui mènent à l'échec.
   Toujours sur le même ton ironique, Paul Watzlawick explique comment réussir à échouer en appliquant ce qu'il appelle l'ultra solution. Cette alternative consiste à nier le problème avec tout ce qu'il comporte. Il le résume par cette formule en forme de boutade: « Opération réussie, patient décédé ».

Les trois recettes de l’échec

Pour être sûr de réussir à échouer, il suffit de saboter ses objectifs, en respectant ces 3 règles :
- 1) Exprimer son but de façon négative, par exemple : « Je ne veux plus m’énerver contre (...) » « Je ne veux plus me faire avoir par... »
- 2) Visualiser le succès sans qu'il apparaisse nettement, et de sorte à ce qu'il donne de mauvaises sensations (floues, neutres, frustrantes). 
- 3) L’accomplissement de l’objectif occasionnera plus de difficultés que de gratifications. Ses effets adverses seront supérieurs au bien-être espéré, il amènera avec lui  plus d'ennuis que de satisfactions, et cela de manière prévisible.

 
L’ultra solution

 Il s’agit de se débarrasser non seulement du problème, mais aussi du contexte qui l’accompagne, comme s’il en était responsable. Ceci reviendrait, par exemple,  à annuler une fête d'anniversaire, pour être sûr de ne pas se tromper de cadeau et de ne décevoir personne.
  Une ultra solution bien connue consiste à faire le bonheur des autres, et ce à leur corps défendant, parce que l’on est sûr de comprendre ce dont ils ont vraiment envie, même si c’est à l’opposé de ce qu’ils expriment. A prétendre savoir ce qu’ils veulent, et ce qu'ils pensent, et à agir en conséquence, on devient maître de la dictature du Bien. 

Watzlawick nous dit à ce sujet: "L’ultra solution du bonheur pour tous, que "seuls quelques esprits malades et dépressifs (ou des opposants machiavéliques)" refusent, s’achève invariablement en dictature, en ordre moral et autres enfers pavés de bonnes intentions."


A retenir : (Source : Comment réussir à échouer ?)
Un objectif doit être exprimé de manière positive
 
Exprimer ce que vous voulez de manière négative (ex : « je ne veux plus m’énerver »), revient à dire au serveur de restaurant qui vient prendre votre commande : « je ne veux pas de poulet ». S’il n’est pas complètement demeuré, il va rire et vous demander ce que vous voulez. Si vous lui répondez « je ne veux pas non plus votre tranche de saumon », il va sans doute se retourner pour chercher des caméras cachées, et s’il n’en trouve pas, il commencera à s’interroger sur votre santé mentale.
 
Faisons une rapide incursion dans le domaine de la psychologie, pour compléter ce plaidoyer en faveur de la formulation positive.
Je vous demande de vous concentrer sur: " ne pas penser à un éléphant rose". Difficile voire impossible, n’est-ce pas ?


Nous créons tous des images mentales, des sons et/ou des sensations, à partir de nos pensées et des mots que nous utilisons

 L’inconscient ne comprend pas la négation.

  En effet, pour nier quelque chose, encore faut-il en accepter l’existence. Pour nier l’éléphant rose, je dois donc en créer l’image mentale. Pour me voir non fumeur, je dois créer l’image de moi, fumeur.
 
  Trois règles à respecter, pour conclure :
- un objectif  s’exprime positivement
- l'image de son accomplissement, et déjà dès sa première étape, doit procurer un sentiment de grande joie.
- l’objectif doit être écologique pour soi-même comme pour l’entourage.



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